Bonjour,
Altica brevicollis FOUDRAS, 1860 est un petit coléoptère (de 3,8 mm à 5 mm) le plus souvent vert-brillant, parfois avec de faibles reflets dorés, plus rarement bleutés. Il est inclus dans la sous-famille des Alticinae, les « altises », un phylum de la populeuse famille des Chrysomélidés.
Pour le département de la Manche, mon fichier compte 28 citations depuis 1991 dont 23 résultent de battages sur noisetiers. C’est donc bien « l’altise du noisetier » comme l’avait justement nommée ALLARD en 1860 (Altica coryli, taxon mis en synonymie).
Les spécimens présentés aujourd’hui proviennent d’une haie de noisetier longeant mon modeste jardin manchot à Percy. De nombreux imagos fréquentent le dessus des feuilles, les larves se placent à la face inférieure de celles-ci. La prédation du limbe transforme les feuilles en une véritable dentelle de nervures :
Le dimorphisme sexuel est pour le moins discret. Chez ce mâle, le premier article des tarses antérieurs est dilaté, la femelle ne montre pas une telle conformation :
Les altises se reconnaissent au premier examen à leur habitus, une taille modeste et à une aptitude à effectuer des sauts particulièrement performants. De puissants muscles situés dans les métafémurs (cuisses postérieures) dilatés assurent ce mode de déplacement (évitement des prédateurs et de l’entomologiste impertinent). Associé au vol, le saut constitue également un important moyen de dispersion (FURTH, 1983).
Cette vue ventrale montre les métafémurs renflés.
La phylogénie et la biologie des Alticinae ont été bien documentés, ces insectes phytophages ayant une certaine importance économique*. Selon FURTH, 1988, l’étude de l’organe du saut démontre que cette sous-famille constitue un groupe monophylétique, la plus riche en genres et en espèces au sein des Chrysomelidae et donc (en ce sens) la plus accomplie sur le plan de l’évolution.
* les Alticinae peuvent causer quelques dégâts aux crucifères cultivées, betteraves, artichauts, pommes de terre, céréales et autres cultures comme la vigne autrefois pour Altica ampelophaga.
Selon Serge DOGUET, 1994 le genre Altica regroupe 16 espèces ou sous-espèces en France (le genre est cosmopolite et regrouperait 250 taxons !). L’ensemble est très homogène, l’habitus ne permet pas de distinguer avec certitude les différents taxons.
A part une espèce vivant sur les chênes, bien caractérisée par un pli marqué dans la déclivité des élytres, l’identification des Altica repose sur l’observation de l’édéage (ensemble de l’armature copulatrice du mâle) complétée par l’examen des pièces génitales femelles.
Chez Altica brevicollis, l’altise du noisetier, le lobe médian de l’édéage (jouant le rôle de pénis pendant la copula) montre une face ventrale plane et peu ornementée mis à part quelques rides obliques sur les côtés et deux sillons longitudinaux peu marqués vers l’extrémité :
La femelle présente une spermathèque* à ductus court et des coxites* assez longs et peu sclérifiés :
*organe creux très sclérifié, réceptacle des spermatozoïdes, prolongé par le ductus, canal qui rejoint les oviductes.
** lames plus ou moins sclérifiées terminées par des soies sensorielles et jouant un rôle lors de l’ovoposition sur la face inférieure des feuilles du noisetier.
Biologie : Dans les bois clairs, clairières, lisières et taillis… Sur Corylus avellana L.
[/color]
L'altise du noisetier
Règles du forum
Tous les insectes
Tous les insectes
L'altise du noisetier
Cordialement,
Yves de la Manche
Yves de la Manche
Re: L'altise du noisetier
Les œufs sont déposés à la face inférieure des feuilles où se tiennent également les larves. Après trois mues, parvenues à maturité, les larves tombent dans le sol pour la nymphose. En général, il n’y a qu’une seule génération par an pour les régions de la moitié nord de la France.
C’est bien à l’envers des feuilles que je les observe en effet, comme celle-ci (larve mature car elle n'est pas entièrement noire) : Ces larves sont qualifiées d’éruciformes (plus ou moins comme des chenilles). La surface tégumentaire est couverte de nodules noirâtres et de tubercules épineux dont les sécrétions chimiques jouent un rôle défensif (PHILLIPS, 1977).
Cette altise est probablement monophage bien que signalée parfois sur des arbres fruitiers et sur Betula.
Selon l’INPN, en France sa présence est certaine ou probable pour dix départements. La Manche n’est pas encore incluse dans la cartographie (voir le lien) :
https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/241794
Etymologie :
Quand O.F. MÜLLER décrivit le genre Altica en 1764, il faisait allusion aux bonds de ces animaux.
Du grec άλτικος, halticos en graphies latines, ce qui signifie « habile à sauter ». C’était très pertinent, Altica brevicollis peut faire des bonds de 10 centimètres lorsqu’il se trouve sur le tissu du parapluie japonais. D’autres altises sont encore plus performantes.
La lettre H du début n’a pas été retenue par MÜLLER, malgré le fait que l’accentuation de l’initiale l’obligeait.
Seul Rémy PERRIER, brillant linguiste sans aucun doute, avait orthographié correctement le nom générique en écrivant Haltica dans sa Faune de France illustrée.
Quant à brevicollis, FOUDRAS signifiait ainsi que le pronotum (partie du thorax visible dorsalement) était assez court, en regard d’autres espèces du genre.
Quelques références bibliographiques :
Serge DOGUET, 1994 - Faune de France 80 - Coléoptères Chrysomelidae Vol.2 Alticinae malheureusement pas encore disponible en téléchargement
Andrzej WARCHALOWSKI, 2003 - The leaf-beetles of Europe and the Mediterranean area – Warszawa
Et pour mémoire :
Rémy PERRIER, 1932 – La Faune de la France en tableaux synoptiques illustrés- Fasc.6 Coléoptères (deuxième partie)
[/color]
C’est bien à l’envers des feuilles que je les observe en effet, comme celle-ci (larve mature car elle n'est pas entièrement noire) : Ces larves sont qualifiées d’éruciformes (plus ou moins comme des chenilles). La surface tégumentaire est couverte de nodules noirâtres et de tubercules épineux dont les sécrétions chimiques jouent un rôle défensif (PHILLIPS, 1977).
Cette altise est probablement monophage bien que signalée parfois sur des arbres fruitiers et sur Betula.
Selon l’INPN, en France sa présence est certaine ou probable pour dix départements. La Manche n’est pas encore incluse dans la cartographie (voir le lien) :
https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/241794
Etymologie :
Quand O.F. MÜLLER décrivit le genre Altica en 1764, il faisait allusion aux bonds de ces animaux.
Du grec άλτικος, halticos en graphies latines, ce qui signifie « habile à sauter ». C’était très pertinent, Altica brevicollis peut faire des bonds de 10 centimètres lorsqu’il se trouve sur le tissu du parapluie japonais. D’autres altises sont encore plus performantes.
La lettre H du début n’a pas été retenue par MÜLLER, malgré le fait que l’accentuation de l’initiale l’obligeait.
Seul Rémy PERRIER, brillant linguiste sans aucun doute, avait orthographié correctement le nom générique en écrivant Haltica dans sa Faune de France illustrée.
Quant à brevicollis, FOUDRAS signifiait ainsi que le pronotum (partie du thorax visible dorsalement) était assez court, en regard d’autres espèces du genre.
Quelques références bibliographiques :
Serge DOGUET, 1994 - Faune de France 80 - Coléoptères Chrysomelidae Vol.2 Alticinae malheureusement pas encore disponible en téléchargement
Andrzej WARCHALOWSKI, 2003 - The leaf-beetles of Europe and the Mediterranean area – Warszawa
Et pour mémoire :
Rémy PERRIER, 1932 – La Faune de la France en tableaux synoptiques illustrés- Fasc.6 Coléoptères (deuxième partie)
[/color]
Cordialement,
Yves de la Manche
Yves de la Manche
- 6le20
- membre

- Messages : 4798
- Enregistré le : 04 août 2015 16:34
- Prénom : Sylvain
- Localisation : Corbières
Re: L'altise du noisetier
Merci Yves pour cet exposé pédagogique très complet ! 
Amicalement
Sylvain
Bestiolomane-plantophile
Bino Olympus SZIII + Paralux L3000 trino pour macro + Diaplan trino + Panasonic G5
† Sylvain nous a quittés le 23 mars 2025 après des années de lutte courageuse contre la maladie.
viewtopic.php?t=28050
Sylvain
Bestiolomane-plantophile
Bino Olympus SZIII + Paralux L3000 trino pour macro + Diaplan trino + Panasonic G5
† Sylvain nous a quittés le 23 mars 2025 après des années de lutte courageuse contre la maladie.
viewtopic.php?t=28050

