Bonsoir le forum, Eddy,
Décidément, cette discussion est de plus en plus passionnante, et va bien au-delà d'une simple "pause-café"...
Evidemment Eddy, je suis pleinement en accord avec la non-réflexivité des sciences dites dures, et c'est l'épistémologue qui est là (et doit s'imposer) pour débattre de la nature de la science.
Je parle de "nature" et non de "moralité".
Je suis d'accord également avec la distinction entre science "pure" et sciences appliquées.
Car c'est bien là, et nulle part ailleurs, que se situent les problèmes.
Scientifiquement parlant, on peut par exemple affirmer, sans trop dérailler, que le clonage humain est possible. Ca, c'est de la science.
En revanche, dire "on va cloner des humains", ce n'est plus de la science, c'est de l'application de connaissances...
Là, on peut débattre sur le plan éthique, et fortement!
C'est à ce niveau, comme tu le dis, que le profane (
correctement informé! Voir par contre ce que veut dire "
correctement": par qui, comment, etc.) peut et doit intervenir.
Kahn ne dit d'ailleurs rien de plus...
Si on revient par exemple sur les chercheurs-bidouilleurs, qui de
B. anthracis, qui d'
E. coli, on n'est plus là dans la science
sensu stricto , mais dans une de ses dérives "utilitaristes" (si tant est qu'envisager la destruction d'êtres vivants, nous en l'occurence, puisse être d'une quelconque "utilité"!).
Je me méfie ainsi comme de la peste de ces "savants fous", à la solde d'idéologies, de pouvoirs, de marchés...
Pour ceux-là, il n'y a aucun respect à avoir, comme d'ailleurs pour ceux (j'en connais!) qui tirent des conclusions
ad hoc de recherches, car payés par des intérêts économiques.
J'ai notamment le souvenir de papiers, publiés en revues de rang A, concluant à l'innocuité de molécules sur les milieux aquatiques (travaux réalisés
in vitro, dans des conditions plus que discutables), démolis quelques années plus tard par des recherches
in vivo!
Après enquête, il s'était avéré que les chercheurs concernés émargeaient pour le labo. producteur de ladite molécule...
Donc, prudence, prudence, prudence.
Pour en revenir aux OGM, il faudrait avoir un
VRAI retour d'expérience, non biaisé, sans inférences inductives, pour évaluer le rapport bénéfice/risques (y compris ecotox), sur le court/moyen/long terme.
On a déjà des infos, et les résistances acquises chez les espèces vivantes tendent à prouver qu'il y a quand même sinon problèmes, au moins questionnements.
Et je n'ajoute pas, par décence, les effets économiques engendrés (voir les paysans canadiens en lutte contre Monsanto...).
J'ai écrit plus haut que cependant c'était un combat façon David contre Goliath. Trop d'intérêts sont en jeu, et les citoyens sont au mieux écoutés, au pire ignorés, avec de toutes les façons un gigantesque "circulez, y'a rien à voir!" en guise de réponse.
C'est le problème crucial: rendre la science intelligible, former le profane à la réflexion critique, et surtout fournir des outils sérieux de contestation, et d'intervention!
Voilà pour ce soir, je peux bien entendu approfondir, et étayer avec d'autres exemples, documentés (mais il me faut un peu de temps pour rechercher les docs dans ma biblio!).
Bonne soirée, et encore un grand merci pour ce débat, bien revigorant!