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Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 19:31
par Olivier61
BINO-BONI a écrit : La part des aliment dans le budget des ménages a fortement et continuellement baissé depuis plusieurs décennies et n'est plus depuis longtemps la fraction la plus importantes du budget des ménages derrière les loyers ou la (ou les) voitures.
Pas chez moi, ça reste la part la plus importante de mon budget, mais surement parce qu'il y a beaucoup de bio.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 22:07
par Jojm
Bon il y a quelques temps, j'ai hésité à participer à cette discussion puis j'ai renoncé mais aujourd'hui, certains des derniers éléments énoncés ou des questions posées me poussent à le faire.
En préalable, il faut que je vous éclaire un peu sur mon parcours professionnel et vous comprendrez du coup pourquoi une intervention dans cette discussion me semble pertinente.
De formation ingénieur agronome, je travaille dans l'industrie agro-alimentaire depuis plus de 25 ans et plus particulièrement dans les produits carnés, la volaille pendant un peu plus de 22 ans et depuis 3 ans, toujours la volaille mais également le porc et le bœuf.
Mon employeur, dont je tairai le nom, est une structure de taille importante (plus de 12 000 salariés).

Les quinze dernières années de mon activité dans la volaille, j'étais Directeur Commercial du département BtoB avec pour clientèle l'ensemble des IAA utilisant de la volaille dans leurs productions (plats cuisinés, charcuteries, traiteurs,...).
Depuis 3 ans, je suis responsable de la valorisation des coproduits de l'ensemble des activités agroalimentaires du groupe.

Mon but en décidant de participer à cette discussion est de pouvoir vous éclairer sur certains points, loin de moi l'idée de convaincre qui que soit de quoi que ce soit, j'essaierai juste d'être le plus factuel et précis possible.

En premier, c'est à la question de Wouazo que je souhaite répondre.
Wouazo a écrit : A propos, dans les abattoirs industriels, qu’est-ce que l’on fait avec les plumes, les viscères et autres déchets ? Je n’ai pas la réponse.
Les plumes sont transformées en farine de plumes par hydrolyse thermique. Ces farines sont utilisées de la façon suivante:
44 % pour l'alimentation des animaux aquatiques (Aquaculture) dans les pays tiers car interdites en Europe jusqu'au 31 mai 2013.
34 % dans l'alimentation des animaux de compagnie (Petfood)
22 % en fertilisation.

Les viscères de volailles, comme les têtes, les pattes sont cuites pour obtenir 2 produits, les graisses de volaille et les protéines animales transformées (PAT) de volaille.
Les graisses de volailles sont utilisées de la façon suivante:
42 % en alimentation des animaux d'élevage, utilisation autorisée en France depuis 2003 mais très peu usitée actuellement. La commercialisation de ces graisses se fait essentiellement dans d'autres pays de l'UE, Espagne et Danemark en particulier.
38 % en petfood
9 % sont des graisses de canard qui ne sont pas issues du procédé de cuisson décrit ci-dessus mais d'une simple fonte et qui sont utilisées en alimentation humaine.
Le solde est utilisé en aquaculture, lipochimie (fabrication des bases cosmétiques et détergentes) et comme biocarburant.

Les PAT de volaille sont interdite en alimentation des animaux d'élevage depuis 2000. Elle sont exclusivement utilisées en petfood.

Le sang de volaille est également cuit pour être transformé en PAT de sang.
86% sont utilisés en petfood, le solde en fertilisation et en aquaculture.

En espérant avoir répondu à certaines de vos interrogations.
Amicalement.
Jean-Marc

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 22:23
par Fredlab
Hello

Merci Jean-Marc pour toutes ces précisions et cette courageuse prise de parole.
Mon premier post peut paraitre à charge... mais j'aimerai bien comprendre (même si je me fais des idées) les tenants et les aboutissants... comment on a pu arriver à cette situation ubuesque.
Par exemple, si on a besoin de vendre jusqu'aux plumes pour que ça soit rentable, je me dis que ça n'est pas normal.
Pas de nourriture pour l'élevage mais pour nos boules de poils chéries... est-ce normal ?
(dire que les croquettes de poulets sont ce que mes chats préfèrent :? )
Sinon, tu manges quoi, comme poulet ?

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 22:39
par Jojm
Fredlab a écrit : Sinon, tu manges quoi, comme poulet ?
Sans problème, ceux qui sortent de l'entreprise où je travaille :P

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 22:45
par Fredlab
J'ai 2500 m2 de terrain et je commence sérieusement à réfléchir à y mettre des poules... seulement, je ne pourrais pas les tuer.
J'ai aussi du cholesterol et donc rien que les oeufs qu'elles pourraient produire, ça sera déjà trop.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 23:11
par speculoos
Fredlab a écrit :Hello
Pas de nourriture pour l'élevage mais pour nos boules de poils chéries... est-ce normal ?
et tu as glissé sur "bases cosmetiques" !!!!

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 23:43
par Chat_Mauve
Fredlab a écrit :J'ai aussi du cholesterol et donc rien que les oeufs qu'elles pourraient produire, ça sera déjà trop.
Mange les plumes :lol: :lol: :lol:

Excuses-moi, Fred, je n'ai pas pu m'en empêcher :oops:

Sérieusement : les œufs contiennent du cholestérol, mais manger le cholestérol des autres n'élève pas plus le sien que ne le font les autres graisses animales...

Utilisateur nomade (via mobile device) Image

Re: Une histoire de poulets

Posté : 13 févr. 2013 08:35
par BINO-BONI
Merci JM de ces précisions, utiles utiles dans ce genre de débat.
Penses-tu que toute la chaine de traitement de la volaille et de ses sous-produits soit une bonne illustration du problème mondial de 'l'alimentation protéique" des animaux et des humains qui tend vers une insuffisante donc à terme vers une crise mondiale?

Re: Une histoire de poulets

Posté : 13 févr. 2013 10:08
par Wouazo
Bonjour,

Merci Jean-Marc de ces précisions.
Pour nous, paysan, l’odeur du poulet industriel nous fait reculer. Souvent je me pose la question si vous qui manger du poulet industriel, vous pourriez manger du poulet nourri avec des céréales classiques ? Idem avec les autres bestioles sauf pour le canard qui n’est pas trop dénaturé.

Hé oui dans tous les domaines c’est la rentabilité qui prime. Nous allons rester sur le poulet, plus précisément sur la poule qui fait des bons œufs fermier. Elle doit absorber 130 gr de nourriture par jour et pondre un œuf et demi par jour. Une cocotte de paysan c’est en moyenne un œuf tous les deux jours au maximum de sa ponte. Pour une poule industrielle on connaît le temps moyen de sa capacité maximum à pondre et sans attendre un jour de plus elle est sacrifiée. Pourquoi ? 130 gr de nourriture multiplié par x poules pendant N jours supplémentaires, cela fait un trou dans la trésorerie. Idem pour tous les autres animaux.

L’époque de mon grand-père c’est fini depuis un certain nombre d’année, il avait le temps de braconner d’aller boire un canon etc. maintenant c’est calculette à la main.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 13 févr. 2013 11:30
par Olivier61
Fredlab a écrit : J'ai aussi du cholesterol et donc rien que les oeufs qu'elles pourraient produire, ça sera déjà trop.
C'est une idée reçue : manger des œufs n'augmente pas le cholestérol.
Je me rappelle d'un reportage sur un centenaire très alerte qui mangeait sa demi-douzaine d’œufs par jour et qui n'avait pas un poil de cholestérol.