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Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 17 déc. 2016 17:38
par GeLe
La vache... Herbivore "parasite"
La vache qui dépose ses bouses qui nourrissent les herbes... On ne parle pas de
commensalisme dans ce cas ?
Et, si je me souviens bien, dans ma jeunesse, c'était plus simple. On ne parlait pas de parasitoïdes. Un parasite peut faire mourir son hôte dès lors que cette mort permet la libération d'une ponte.
Quant aux moutons qui déracinent les herbes, d'un point de vue évolutif, est-il possible que les moutons aient pu évoluer si ce comportement était létal pour la prairie ?
Mais je suis tout sauf un spécialiste de l'écologie.
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 17 déc. 2016 18:32
par BINO-BONI
Heu!............je crois devoir ajouter un petit reliquat de ma formation en pathologie et en zoologie agricole:
Parasitoïde est le terme qui a remplacé celui "d'hyperparasite", c'est à dire pour désigner un
parasite de parasite.
Il ne s'agit pas d'un comportement mais d'une "position" de l'animal en question par rapport à l'ennemi des cultures qu'il détruit.
En zoologie agricole le terme "parasite" désigne d'une manière assez large, les ravageurs animaux qui s'attaquent aux cultures et non pas un comportement qui se distingue de la prédation.
Maintenant, au sens strictement scientifique, il est possible que les deux termes servent à désigner des comportements différents. Mais selon moi, c'est chercher des poils sur les œufs car il y a toujours un attaquant et une victime. Et dans le cas qui nous intéresse ici, l'attaquant est du côté des gentils!
Autre détail, ce n'est pas la larve de l'hyménoptère en question qui est le parasitoïde mais l'adulte et je dirai même, au sens large,
l'espèce en question puisqu'il s'agit d'un caractère propre à une espèce, voire même à un genre..
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 17 déc. 2016 19:21
par Maraussan
Sylvain :
Les parasites ne tuent pas leur hôtes car c'est une question de survie pour eux-même, même s'il n'est pas rare de voir des individus déjà affaiblis mourir par des des pullulations qui contribuent à les achever.
Par contre les parasitoïdes se nourrissent de l'hôte jusqu'au bout.
On est dans l'arbitraire, les frontières sont encore trop imprécises, il faudrait préciser une première et deuxième intention...
Le Varroa (Varroa destructor Anderson & Trueman, 2000) parasite les abeilles.
En piquant, il inocule des bactéries et virus qui vont être à l'origine de la mort de l'abeille et de la colonie, lentement et surement, en une saison. Ce n'est pas un parasitoïde en première intention, mais néanmoins un parasite contaminant qui provoque indirectement la mort d'un individu, voir d'une espèce entière, pour le besoin de son cycle de reproduction.
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 17 déc. 2016 21:22
par BINO-BONI
Maraussan a écrit :
On est dans l'arbitraire, les frontières sont encore trop imprécises, il faudrait préciser une première et deuxième intention...
Le Varroa (Varroa destructor Anderson & Trueman, 2000) parasite les abeilles.
C'est effectivement un parasite qui vit au dépend de l'abeille: Il suce l'hémolymphe de l'adulte ou de l'abeille adulte.
Maraussan a écrit :
En piquant, il inocule des bactéries et virus qui vont être à l'origine de la mort de l'abeille et de la colonie, lentement et surement, en une saison.
Son parasitisme commence par
1 - affaiblir l'abeille et surtout la larve sur laquelle sont installées les femelles varroas. Il raccourcit la durée de vie et diminue les capacité de l'abeille à exercer ses fonctions au sein de la colonie. Toute la colonie en subit les conséquences et s'affaiblit progressivement plus ou moins rapidement selon le taux d'occupation de varroas. .
2 - Il peut transmettre des agents pathogènes (bactéries mais surtout certains virus) qui affectent la santé de l'abeille ou des anomalies morphologiques qui la rendent inapte au vol et par conséquent renforcent sa nuisibilité.
3 - Selon le degré de contamination en début de saison et compte tenu de la progression géométrique de la population de varroas, la colonie peut passer la saison sans trop de dommages ou péricliter au point de n'être pas suffisamment forte pour passer l'hiver. Personnellement je n'ai jamais vu ni entendu dire qu'une colonie était "décimée" par le varroa. Mais c'est vrai que le varroa, exerçant un affaiblissement de la colonie d'abeilles pendant la saison, peut contribuer à la mettre en danger pendant l'hiver. Selon une étude récente (2012-2013) le varroa explique à lui seul environ 60 % des pertes hivernales des colonies d'abeilles. C'est donc un parasite au double sens du terme:
- Il ne tue pas mais vit au dépens de l'abeille
- Il est responsable de la morte de nombreuses colonies quand elles ne sont pas traitées convenablement.
Maraussan a écrit :
Ce n'est pas un parasitoïde en première intention, mais néanmoins un parasite contaminant qui provoque indirectement la mort d'un individu, voir d'une espèce entière, pour le besoin de son cycle de reproduction.
Ce n'est pas du tout un parasitoïde car il ne parasite pas un autre parasite ou un organisme nuisible à l'agriculture. Pour éviter la confusion, on parle de "ravageurs" ou "d'ennemis" des cultures ou des productions animales.
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 17 déc. 2016 21:25
par André
Bonjour à tous, Gerard
De la plongée sous-marine aux acrobaties aériennes , tu arrives toujours à capter notre attention !
Ce sujet me rappelle ces guêpes maçonnes qui pondent dans leur hôte même à savoir des araignées : parasitisme ?
Les urnes :

- urne_de_sceliphron.jpg (163 Kio) Vu 7712 fois
leur contenu :

- contenu_durne_de_sceliphron.jpg (134.13 Kio) Vu 7710 fois
le sujet a été discuté ici :
http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... sceliphron
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 18 déc. 2016 10:13
par Gérard-Breton
Bonjour André, tous,
De même que "ma" guêpe Delta pondait sur la chenille qui allait servir de garde-manger à la larve, "ta" guêpe Sceliphron pond son oeuf sur l'araignée qu'elle met dans l'urne avant de la sceller. Dans les deux cas, l'hôte est exploité par la larve jusqu'à la mort : Delta comme Sceliphron sont des parasitoïdes tels que définis par les parasitologues actuels. Je suis d'accord avec Alain pour étendre à la population (sinon à l'espèce toute entière) l'appréciation du dommage subi par l'höte, nonobstant le fait que contrairement à la prédation qui peut être collective, le parasitisme au sens large (par des métazoaires) commence presque toujours par un acte individuel.
Cette remarque ne vaut, je répète, que pour les métazoaires ; pour le parasitisme par les bactéries, par exemple, l'analyse pourrait être différente. Voir par exemple l'excellent quoiqu'un peu aride : COMBES C. 2001 [réed. 2010]- L'art d'être parasite. Les associations du vivant. Champs Sciences, Flammarion : 393 p.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Jean-Claude sur la définition de parasitoïde. Cette ancienne définition qu'il propose et qu'il a utilisée, comme synonyme d'hyperparasite a le double inconvénient de nommer le même phénomène avec deux noms différents d'une part, et de laisser hors nomenclature ce cas particulier de parasitisme qui voit l'hôte mourir à la fin. Mais je suis conscient, je l'ai déjà dit, que c'est l'homme qui, par ses définitions, fixe des limites aux phénomènes qu'il étudie, et que, dans la nature, toutes les transitions possibles et imaginables (et probablement même inimaginables...) peuvent se trouver.
Bien cordialement à tous
Gérard Breton
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 18 déc. 2016 11:20
par BINO-BONI
Gérard-Breton a écrit :
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Jean-Claude sur la définition de parasitoïde. Cette ancienne définition qu'il propose et qu'il a utilisée, comme synonyme d'hyperparasite a le double inconvénient de nommer le même phénomène avec deux noms différents d'une part, et de laisser hors nomenclature ce cas particulier de parasitisme qui voit l'hôte mourir à la fin. Mais je suis conscient, je l'ai déjà dit, que c'est l'homme qui, par ses définitions, fixe des limites aux phénomènes qu'il étudie, et que, dans la nature, toutes les transitions possibles et imaginables (et probablement même inimaginables...) peuvent se trouver.
Bien cordialement à tous
Gérard Breton
Ma définition est peut-être ancienne (par rapport à Wikipedia) mais elle a eu cour pendant de nombreuses années et a été détournée pour désigner tout autre chose par rapport à la prédation brute.
Alors dans ce cas; quel est le terme pour désigner l'hyperparasitisme au sens agronomique du terme, pratiqué par l'espèce dont il est question ici??
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 18 déc. 2016 11:22
par BINO-BONI
Gérard-Breton a écrit :Je suis d'accord avec Alain pour étendre à la population (sinon à l'espèce toute entière) l'appréciation du dommage subi par l'höte, nonobstant le fait que contrairement à la prédation qui peut être collective, le parasitisme au sens large (par des métazoaires) commence presque toujours par un acte individuel.
Gérard Breton
rendons à César....
Re: Vol sur un nid de Delta unguiculatum
Posté : 18 déc. 2016 23:23
par Bernard-J
Merci à tous pour ce fil vraiment intéressant !
Gérard a écrit: ...c'est l'homme qui, par ses définitions, fixe des limites aux phénomènes qu'il étudie, et que, dans la nature, toutes les transitions possibles et imaginables (et probablement même inimaginables...) peuvent se trouver.
J'élis ces mots de Gérard comme la sentence de l'année !
Il faut évidemment chercher la précision dans les définitions pour s'entendre sur un sujet. Mais les mots utilisés pour une définition n'auront souvent pas la même signification pour chaque individu, ce qui donne des problèmes de compréhension.
Et en jouant trop avec les mots, le risque est de ne pas écouter le phénomène lui-même et de passer à côté de l'essentiel.
.... déraillerais-je ?
