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Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 05 mai 2009 16:43
par baguette
Vastes !
Des poils d'éléphants "gommés" ??
Ouaip !
Tu coinces l'éléphante dans un coin (le poil des femelles est plus soyeux), tu jettes les 42 kg de gomme arabique (préalablement chauffé au bain-marie) sur le pelage.
Après quelques secondes, tu plaques d'un coup sec un manche de pelle (un manche de brosse peut aussi convenir), tu laisses prendre quelques minutes puis tu arraches d'un coup sec.
Tu te retrouves alors, si l'éléphant était d'accord, avec un balai brosse en poil d'éléphant.
Ne reste plus que la finition.
A la bino, tu choisis le plus beau poil et tu arraches tous les autres (sur le balai, hein, pas sur l'éléphant).
Ensuite, avec un Opinel affuté, tu tailles le manche pour le ramener à la dimension d'un manche de pinceau N°5.
Si t'es vraiment puriste, tu peux vernir le manche, mais c'est accessoire.
C'est la technique de Dominique; je me suis laissé dire qu'il utilisait l'éléphant d'Afrique au dessus de 50 microns, l'éléphant d'Asie au-dessous (faut lui demander confirmation)
Amicalement
Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 05 mai 2009 17:24
par Christian
Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 06 juin 2009 11:19
par Kinette
Daniel a écrit :Bonsoir,
je pense que l'on utilise dans un premier temps ce dont on dispose.
lorsque je l'ai fait, j'ai utilisé une minutie emmanchée sur un morceau de bois.
(Minutie : Aiguille très fine faite d'un éclat d'acier spécial et qu'on ne peut manipuler qu'à la pince rigide. Sert au montage double de petits insectes. )
voir la photo du montage double à coté de cette définition
http://www.inra.fr/opie-insectes/nomencl.htm
C'est peut être plus rigide qu'un poil mais c'est assez fin et j'en ai un petit stock commandé avec des épingles entomologiques.
J'ai essayé un morceau de cheveu que j'ai trouvé trop souple.
J'ai déplacé les diatomées à sec par glissement sur une mème lame.
Pour passer d'une lame à une autre, humecter l'outil facilitera le transport mais il faut un réceptacle adhésif aussi!
Cordialement
Bonjour,
Je tombe un peu par hasard sur cette discussion.
Ayant pas mal utilisé des minuties pour des dissections (de malheureuses larves de drosophiles), j'avais un système pour les utiliser sans m'enquiquiner avec des pinces pour les tenir: les bloquer dans le bout d'une tige d'allumette.
Cordialement,
K
PS: l'histoire du poil ventral de hérisson, ce n'est pas une blague?

Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 06 juin 2009 12:49
par Maraussan
Kinette :
l'histoire du poil ventral de hérisson, ce n'est pas une blague?

- Poil ventral de hérisson.jpg (100.42 Kio) Vu 2650 fois
En demandant gentiment, on reçoit...
Le poil ventral du hérisson est TRES ferme, doux, mais reste néanmoins souple sans se vriller. La pointe est parfaitement formée et très fine. Pas de "fleurs" comme sur certains poils de mammifères.
PS
Pour info, l'animal (sauvage) vit depuis 3 ans derrière le lave-vaisselle, sort à la tombée de la nuit, se ballade comme si nous n'étions pas là. Va dans le parc, et retourne dans son coin au matin...
Un bain chaud, moussant et anti-puces par trimestre... très apprécié.
Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 06 juin 2009 12:53
par Kinette
Bonjour,
Merci pour ta réponse! Génial, et plus sympa que se servir sur les "crêpes épineuses" qu'on trouve trop souvent sur les routes :'(
Cordialement,
K
Re: Manipulation et tri de diatomées fossiles
Posté : 07 juin 2009 00:48
par MarcPELTIER
Bonsoir à tous,
Pour compléter les indications de baguette sur le poil d'éléphant, je vous livre ci-après la teneur de l'article que j'avais commis pour le n° 36 de MICROGAZETTE, le fanzine du Club Français de Microscopie (en date, il est peut-être utile de le préciser, du 1er avril 2008) :
LE POIL EMMANCHE
Les membres du Club Français de Microscopie ont eu l'opportunité d'acquérir, il y a quelque temps, des échantillons de diatomite purifiée d'excellente qualité, et certains auront sans doute voulu les manipuler pour s' initier à l'art ancien des compositions de diatomées arrangées.
Le problème qui se pose alors inévitablement à eux est : Quel outil adopter ? Il nous faut une pointe effilée pour être à l'échelle de l'objet manipulé, le frustule, souple pour ne pas abîmer ledit objet, et capable d'y adhérer spontanément.
La recherche d'objets naturels adaptés accompagne l'histoire de la microscopie. On a cité successivement le cil de porc (Tempère, l 892), le poil incarné du pli inguinal vestigial du cachalot (Zoukhine, 1903), les cirres péri-ombilicaux du lama commun (Zapatero, 1912), les poils interdigitaux de l'ornithorynque mâle (Watkins, l 93?), et tout récemment le poil ventral de hérisson mort (Girodet, 2004). Tous ces produits ont leurs qualités et leurs défauts, mais il est parfois difficile à l'amateur citadin de s'en procurer directement, et les boutiques spécialisées dans le commerce de ces précieuses fournitures se font rares, hélas, surtout en province.
Je propose donc aux lecteurs de Microgazette un produit de substitution que j 'ai pu tester avec succès : le poil de l'intérieur de la narine de Homo sapiens sapiens.
L'évolution, dans sa bienveillante sagesse, a en effet doté notre espèce de poils poussant à l'intérieur des narines, perpendiculairement à leurs parois, qui empêchent la pénétration dans les voies respiratoires des petits insectes et débris volants divers auxquels nous pourrions être exposés. Ces poils ont à peu de chose près les qualités requises : une pointe effilée, une structure souple mais ferme, une longueur suffisante.
Plus fin, plus élégant, le poil de nez féminin est supérieur à tout point de vue, mais sa collecte est délicate, voire même indélicate. . . On se contentera donc des poils plus virils qui abondent dans les narines des vieux mâles. On recherchera un sujet consentant, de préférence, sinon on devra opérer le prélèvement pendant le sommeil, en agissant promptement pour se garder des réactions toujours imprévisibles du donneur.
Les plus courageux, qui ne craindront pas de payer de leur personne pour le développement des sciences, puiseront dans leurs propres narines les poils convoités. Leur abnégation sera récompensée par l'abondance relative du gisement, qui autorisera le tri des meilleurs spécimens.
On se gardera toutefois de tomber dans l'excès, et de dépeupler complètement les narines, ce qui constiturait un comportement pathologique, l'autotrichorhinotillomanie du diatomiste (1), que connaissaient bien les médecins du début du siècle précédent. Cette maladie mentale a des conséquences des plus sérieuses, puisque, privés de poils protecteurs dans les narines, rien n'empêche plus les araignées de monter directement dans le cerveau des malades, ce qui assombrit immédiatement le pronostic.
Quel que soit le mode de prélèvement, le poil sera lavé à l'eau savonneuse ou au shampoing pour bébé, soigneusement rincé, débarrassé du bulbe adhérent à la racine, qui pourra être mis en réserve pour une observation ultérieure en lumière polarisée. La partie restante sera dégraissée à l'alcool absolu et séchée à l'étuve. Elle sera ensuite transportée avec précaution à l'aide des brucelles sur l'extrémité d'une baguette d'ivoire ou d'ébène tournée, à laquelle elle sera fixée par une virole en laiton par exemple. Les plus expéditifs, ou les moins sensibles à l'esthétique qui s'impose en pareil cas, se contenteront d'une simple brochette en bois, à laquelle le poil sera collé.
Voilà un précieux outil qui vous sera vite indispensable, et dont vous pourrez dire avec fierté : "Je l'ai fait entièrement moi-même ! "
(1) L' autotrichorhinotillomanie compulsive du diatomiste, à propos de douze cas
rencontrés par l'auteur, thèse de doctorat en médecine, Louis Destouches Paris 1924.