Bonjour le forum,
tagadathedog a écrit :On a modifié génétiquement des plantes pour qu'elles tolèrent un puissant désherbant, je pense aux plantes "roundup ready" ( Maïs , soja etc ). Mais, il y a un autre type d'OGM qui donne aux plantes le "pouvoir" de produire leur propre insecticide (il me semble que par exemple le Maïs Bt pour Bacillus thuringiensis : nom de la bactérie (?) donc on a pris un gène (?) ).
Les plantes roundup ready
Pour compléter la réponse d'André à propos du glyphosate : cet herbicide contient une molécule capable d'inhiber une enzyme importante de la voie de biosynthèse de l'acide shikimique (isolé à partir d'une plante japonaise appelée shikimi, d'où le nom). Cet acide est le précurseur de nombreuses molécules très importantes pour le métabolisme des plantes (tanins, lignine, acide salicylique, acides aminés aromatiques, etc.). Pour obtenir des plantes résistantes à cet herbicide, il faut :
- Isoler des variants de cette enzyme dont l'activité n'est pas inhibée par le glyphosate (peuvent être obtenus par mutagenèse).
- Cloner le gène correspondant et s'en servir pour transformer des plantes d'intérêt.
De cette façon, comme le dit André, les plantes transgéniques résistantes au glyphosate ne produisent pas de glyphosate. Elles possèdent une enzyme qui peut fonctionner malgré sa présence, ce qui ne perturbe pas le métabolisme et ne conduit pas à la mort de la plante. Pour le génie génétique, le travail s'arrête là. Les questions relatives au glyphosate lui-même, sa biodisponibilité, sa biodégradabilité, etc., relèvent de l'écotoxicologie. Le transfert d'un variant de l'enzyme à des plantes sans intérêt agronomique est évidemment un problème : si le glyphosate ne joue plus son rôle, quel est sont intérêt ? Attention quand même aux règles compliquées de la génétique des populations : je ne sais pas si les variants utilisés sont aussi efficaces que l'enzyme native ; si ce n'est pas le cas, en l'absence de glyphosate, les plants porteurs de ces variants auront une valeur sélective plus faible.
Les plantes Bt
Pour les plantes dites Bt, c'est encore différent. On a trouvé chez la bactérie
Bacillus thurigiensis des toxines appelées
Cry, sécrétées et formant des cristaux toxiques pour de nombreux insectes (dont le ver à soie et la pyrale, par exemple). Ces toxines détruisent l'intestin moyen des insectes selon un mécanisme encore mal compris dans ses détails (mais les grandes lignes sont posées). On connaît aujourd'hui de nombreuses toxines Cry. Elles ont permis de produire des plantes qui expriment un gène Cry (ou plusieurs, je peux expliquer pourquoi si besoin), c'est-à-dire qui produisent elles-mêmes la toxine.
D'autres plantes transgéniques
Dans tous les cas cités ici, les transgènes sont insérés dans le noyau (génome nucléaire). On s'oriente maintenant de plus en plus vers une insertion dans les plastes (transplastomique) qui évite la dissémination par le pollen. Ce n'est pas le cas des OGM actuellement sur le marché.
Application moins industrielle : de mon côté, au labo, je produis des
Arabidopsis thaliana (la plante modèle utilisée en recherche) transgéniques qui surexpriment des molécules impliquées dans l'interaction avec des phytopathogènes de type oomycètes. Ces plantes devraient me permettre de mieux comprendre à quoi servent précisément ces molécules. Par exemple, rendent-elles les plantes plus sensibles à tel ou tel pathogène (d'autres oomycètes, des nématodes, etc.) ? Je n'ai pas la réponse encore, j'attends les graines.
Le mot de la fin : l'étude des OGM est au carrefour de trois grandes disciplines : la biologie moléculaire (création d'OGM), la génétique des populations (étude des gènes dans les populations) et la toxicologie (aspect sanitaire).
Cordialement,
Eddy