Re: Un sujet controversé : Les OGM :)
Posté : 10 sept. 2010 11:59
Bonjour,
Wouazo, c'est marrant que tu abordes ici le sujet de l'écornage et de la sélection de vaches sans cornes... c'est une histoire qui me travaille depuis un moment: ici, ne voir quasiment aucune vache cornue m'a profondément choquée, habituée que j'étais aux charolaises cornues dans leurs prés de l'Allier ou aux tarines et montbléliardes des alpages savoyards (qui font le si délicieux beaufort). Puis finalement en me documentant, j'ai pu voir qu'en France tout comme en Suisse on atteignait actuellement un pourcentage incroyable de bêtes écornées (on doit être à plus de 80%). A l'heure où on parle de bien-être animal et tente de faire croire aux gens que des règlements adoptés sous pression d'associations de protection des animaux ont permis de tout bien arranger, il est surprenant de réaliser que la majorité des agriculteurs pratiquent un écornage douloureux et traumatisant pour leurs bêtes (en Suisse il y a obligation d'anesthésie, mais qui s'est fait enlever une dent sait qu'une anesthésie ne garantit pas nécessairement contre la douleur). Cette action a évidemment un coût. Alors pourquoi la faire?
Le prétexte habituellement donné par les agriculteurs est "pour ne pas qu'elles se blessent". Quand on connaît un peu les animaux et a vu fonctionner une exploitation "cornue", on peut émettre certains doutes: les vaches sont des animaux placides, et les blessures sont rarissimes. L'agriculteur peut évidemment craindre aussi pour sa propre personne, mais ce qu'on pratiquait avant est l'écornage des quelques bêtes qui semblaient pouvoir présenter un risque...
Alors? Le fait est que notre agriculture s'est profondément transformée en quelques dizaines d'années. Témoin les affreux ballots de plastiques qui se sont répandus partout en moins de 10 ans (j'aimerais bien savoir ce que deviennent les fameux plastiques...). En Suisse, les associations dénoncent cette transformation de l'usage des fourrages, qui entraîne un fauchage bien plus précoce et la destruction des invertébrés qui sont dans les prés ainsi que la destruction de pas mal d'espèces de plantes. Du coup, on se retrouve à payer des agriculteurs pour qu'ils recommencent à faire du foin! En parallèle, on a développé, et même encouragé à coup de subventions, les stabulations libres. Dans des espaces trop limités par rapport à leur comportement naturel, les bovins sont stressés, plus souvent malades et agressifs. L'autre facteur important est l'utilisation généralisée de systèmes de contention (apparemment ça vient de Hollande) pour l'alimentation: la nourriture est distribuée automatiquement dans des mangeoires auxquelles la vache accède par un passage étroit... évidemment les agriculteurs trouvent que les cornes gênent pour ça (on préfère adapter la vache à la machine...), même si certains témoignent que leurs vaches non écornées s'en sortent bien pour passer. Une fois la tête de la vache passée, le système bloque la vache en lui serrant le cou, pour qu'elle mange pendant une durée définie.
Ce que je trouve étonnant, c'est que beaucoup d'agriculteurs appliquent sans trop se poser de question cette routine de l'écornage: démarchés par tout un tas de boîtes proposant divers systèmes et produits, ils ont assimilé comme "normal" le fait d'avoir des vaches sans cornes...
Un nouvel appareil a été inventé pour les vaches en stabulation: le "brosse-vache"... un peu comme les systèmes de lavage de voiture, des rouleaux brossent les vaches, qui apprécient la chose, seraient moins stressées, moins malades, et donneraient plus de lait. Mais apparemment ça n'a encore pas été intégré comme aussi important par les agriculteurs que l'écornage.
Toute cette histoire me pose bien des questions sur l'agriculture qu'on souhaite, son impact sur l'environnement, les clichés qu'on a tous...
Faut-il vraiment refuser des vaches sans cornes? Nombre de races de moutons en sont dépourvues (par sélection) et personne ne s'offusque... L'agriculteur investit-il son argent seulement de façon rationnelle? En quelle mesures sommes-nous, ainsi que nos dirigeants, responsables de l'évolution de l'agriculture et des pressions qui la font ainsi changer?
Pas évident... je ne peux m'empêcher de regretter les belles vaches bien cornues, et de trouver regrettable qu'on enferme les bêtes et les nourrisse avec cet encillage en ballots plastiques...
Ces constatations dérivent des OGM, mais permettent bien de réaliser que les OGM ne sont qu'une part d'une évolution incroyablement rapide des techniques de production.
Cordialement,
K
PS: on peut discuter de la "savourabilité" des races anciennes/récentes... la viande de salers et de vache d'Herens et à mon sens mille fois plus savoureuse que celle de charolais, dont seules les parties genre "steak bien rouge" sont intéressantes, le reste manquant dramatiquement de "persillé" et de goût. De même, le lait des tarines broutant les herbes de Vanoise est incomparablement meilleur que celui de ces pisse-lait d'Holstein (mais évidemment le rendement est moins bon... on en revient à la triste constatation du trop grand nombre d'humains et de la surconsommation...)
Wouazo, c'est marrant que tu abordes ici le sujet de l'écornage et de la sélection de vaches sans cornes... c'est une histoire qui me travaille depuis un moment: ici, ne voir quasiment aucune vache cornue m'a profondément choquée, habituée que j'étais aux charolaises cornues dans leurs prés de l'Allier ou aux tarines et montbléliardes des alpages savoyards (qui font le si délicieux beaufort). Puis finalement en me documentant, j'ai pu voir qu'en France tout comme en Suisse on atteignait actuellement un pourcentage incroyable de bêtes écornées (on doit être à plus de 80%). A l'heure où on parle de bien-être animal et tente de faire croire aux gens que des règlements adoptés sous pression d'associations de protection des animaux ont permis de tout bien arranger, il est surprenant de réaliser que la majorité des agriculteurs pratiquent un écornage douloureux et traumatisant pour leurs bêtes (en Suisse il y a obligation d'anesthésie, mais qui s'est fait enlever une dent sait qu'une anesthésie ne garantit pas nécessairement contre la douleur). Cette action a évidemment un coût. Alors pourquoi la faire?
Le prétexte habituellement donné par les agriculteurs est "pour ne pas qu'elles se blessent". Quand on connaît un peu les animaux et a vu fonctionner une exploitation "cornue", on peut émettre certains doutes: les vaches sont des animaux placides, et les blessures sont rarissimes. L'agriculteur peut évidemment craindre aussi pour sa propre personne, mais ce qu'on pratiquait avant est l'écornage des quelques bêtes qui semblaient pouvoir présenter un risque...
Alors? Le fait est que notre agriculture s'est profondément transformée en quelques dizaines d'années. Témoin les affreux ballots de plastiques qui se sont répandus partout en moins de 10 ans (j'aimerais bien savoir ce que deviennent les fameux plastiques...). En Suisse, les associations dénoncent cette transformation de l'usage des fourrages, qui entraîne un fauchage bien plus précoce et la destruction des invertébrés qui sont dans les prés ainsi que la destruction de pas mal d'espèces de plantes. Du coup, on se retrouve à payer des agriculteurs pour qu'ils recommencent à faire du foin! En parallèle, on a développé, et même encouragé à coup de subventions, les stabulations libres. Dans des espaces trop limités par rapport à leur comportement naturel, les bovins sont stressés, plus souvent malades et agressifs. L'autre facteur important est l'utilisation généralisée de systèmes de contention (apparemment ça vient de Hollande) pour l'alimentation: la nourriture est distribuée automatiquement dans des mangeoires auxquelles la vache accède par un passage étroit... évidemment les agriculteurs trouvent que les cornes gênent pour ça (on préfère adapter la vache à la machine...), même si certains témoignent que leurs vaches non écornées s'en sortent bien pour passer. Une fois la tête de la vache passée, le système bloque la vache en lui serrant le cou, pour qu'elle mange pendant une durée définie.
Ce que je trouve étonnant, c'est que beaucoup d'agriculteurs appliquent sans trop se poser de question cette routine de l'écornage: démarchés par tout un tas de boîtes proposant divers systèmes et produits, ils ont assimilé comme "normal" le fait d'avoir des vaches sans cornes...
Un nouvel appareil a été inventé pour les vaches en stabulation: le "brosse-vache"... un peu comme les systèmes de lavage de voiture, des rouleaux brossent les vaches, qui apprécient la chose, seraient moins stressées, moins malades, et donneraient plus de lait. Mais apparemment ça n'a encore pas été intégré comme aussi important par les agriculteurs que l'écornage.
Toute cette histoire me pose bien des questions sur l'agriculture qu'on souhaite, son impact sur l'environnement, les clichés qu'on a tous...
Faut-il vraiment refuser des vaches sans cornes? Nombre de races de moutons en sont dépourvues (par sélection) et personne ne s'offusque... L'agriculteur investit-il son argent seulement de façon rationnelle? En quelle mesures sommes-nous, ainsi que nos dirigeants, responsables de l'évolution de l'agriculture et des pressions qui la font ainsi changer?
Pas évident... je ne peux m'empêcher de regretter les belles vaches bien cornues, et de trouver regrettable qu'on enferme les bêtes et les nourrisse avec cet encillage en ballots plastiques...
Ces constatations dérivent des OGM, mais permettent bien de réaliser que les OGM ne sont qu'une part d'une évolution incroyablement rapide des techniques de production.
Cordialement,
K
PS: on peut discuter de la "savourabilité" des races anciennes/récentes... la viande de salers et de vache d'Herens et à mon sens mille fois plus savoureuse que celle de charolais, dont seules les parties genre "steak bien rouge" sont intéressantes, le reste manquant dramatiquement de "persillé" et de goût. De même, le lait des tarines broutant les herbes de Vanoise est incomparablement meilleur que celui de ces pisse-lait d'Holstein (mais évidemment le rendement est moins bon... on en revient à la triste constatation du trop grand nombre d'humains et de la surconsommation...)