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hakuna matata

Posté : 27 janv. 2012 19:36
par baguette
Bonjour à tous,

Kevin (Belialt) m'a posé une question en MP : "qu'est, selon toi, la philosophie et où est sa place aujourd'hui ?", j'espère qu'il me pardonnera de la mettre en public, simplement parce qu'elle me paraît intéressante et permet, d'autre part, de prolonger un questionnement qui s'est posé autre part et fut quelque peu perturbé.

La philosophie, selon moi, n'a pas de frontières, elle s'intéresse tant aux sciences (avec spécialisation, épistémologie par exemple) qu'à la morale ou aux us et coutumes. De là, son caractère variable selon les époques.
Elle est une réflexion de l'homme sur lui-même, un questionnement sur son "pourquoi". La tentative extrême de trouver une raison d'exister ... pour peu que cela soit nécessaire (mais cela est déjà une opinion strictement personnelle).
La science se contente de constater, elle ne se soucie pas du pourquoi, ou d'une cause immanente.
Autrement dit la science n'a pas de réponse aux angoisses métaphysiques.

Libre à vous de critiquer, fut-ce à outrance, mais dans le respect de chacun (ce qui n'empêche ni la dureté, ni la fermeté, ni la conviction), pourvu que cela enrichisse les connaissances de chacun.

Re: hakuna matata

Posté : 27 janv. 2012 20:47
par BelialL
Salut,

Pas de souci pour la rendre publique. ;)

Je pense aussi que la philosophie n'a pas vraiment de "place" bien définie. Elle me fait penser un peu au jazz qui se mêle à de nombreux styles de musique différents.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui, la philosophie s'appuie plus que jamais sur les autres disciplines rattachées au sujet de son étude.

Mais il me semble aussi que la philosophie se rapproche des sciences du fait de sa démarche, qui se veut la plus objective possible.
Elle est basée sur l'analyse et l'interprétation et effectivement, les thèses semblent difficilement falsifiables - pour reprendre ton terme - puisque non démontrées de manière concrète.

C'est en s'appuyant sur divers domaines, je pense, que la philosophie prend son importance et se rapproche des sciences.
Par exemple : Il y a une question dans le magazine Philosophie : Les marchés sont-ils bêtes et méchants ?

Ici, les intervenants s'appuie sur des notions d'économie et de sociologie pour comprendre ce qui fait fonctionner les marchés.
Qu'est ce qu'il y a en l'homme qui fait que ce système s'est étendu ainsi et à une telle vitesse.
Une hypothèse possible est que l'homme à une tendance naturelle à l'égoïsme, à se mettre dans une situation de puissance puisque les marchés sont, du point de vue économique, basés sur le fait que les gens vont chercher à se faire un maximum d'argent.
Ici, c'est le domaine de l'économie qui permet de comprendre non pas le pourquoi de l'homme mais de faire un constat sa "nature" dans la société occidentale. En prenant bien sûr garde de placer cette interprétation dans son contexte socio-économique.
Mais d'autre domaines comme l'ethnologie par exemple, peuvent peut-être à partir d'observations, aller dans le sens de cette hypothèse et ainsi lui donner du crédit en arrivant à une explication analogue à partir d'autres phénomènes de société.

Bon c'est un peu simpliste ici, mais c'est pour donner l'idée...

Cependant, je suis plutôt d'accord avec sur le fait que trouver une raison d'exister n'est pas nécessaire, je pense que la philo doit se contenter d'essayer de comprendre l'homme tel qu'il est sans chercher à comprendre pourquoi il est ainsi.

Voilà comment je vois - à mon niveau - la philosophie aujourd'hui.

Re: hakuna matata

Posté : 27 janv. 2012 23:42
par patrick 68
baguette a écrit :La science se contente de constater, elle ne se soucie pas du pourquoi, ou d'une cause immanente.
Autrement dit la science n'a pas de réponse aux angoisses métaphysiques.
Bonsoir

Je suis plus ou moins d'accord avec ces termes. En effet, la science pure n'a que faire de métaphysique. La science pure cherche, analyse et tente de comprendre le fonctionnement des choses, pas le bienfondé de leur utilisation. Sauf que...

Pour le premier aspect, il suffit pour s'en convaincre de se souvenir que des scientifiques on découvert la fission de l'atome. Ils ne se sont pas posés la question de "comment" allait être utilisée cette découverte qui aujourd'hui, fait l'objet de débats sans fin.
D'autres ont joué avec les virus et les bactéries pendant la guerre froide, et continuent encore aujourd'hui en fabriquant un virus mutant. Et bien d'autres encore...
Je dirais même plus, la science pure n'a pas d'âme. Elle est froide comme un iceberg sous ses airs de bienveillance. Elle a permis le développement industriel d'une grande partie de la planète, mais aussi sa pollution irréversible. Nous avons besoin de la science et des avancées technologiques, mais celles-ci nous entraînent dans une course en avant effrénée, qui n'a pas de fin. Jusqu'à quand ?

Mais il y a d'autres sciences (sciences de la vie) qui permettent de comprendre ce qui nous entoure et qui peut avoir un aspect métaphysique puisqu'elle nous permet d'envisager d'où nous venons, de quelle manière la vie humaine s'est développée sur la planète et comment elle a réussi à s'y développer.

Voila schématisé, mon avis sur le sujet.
Patrick

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 04:49
par Christian
Bonjour à tous,
Je pense que vous serez d'accord pour dire que l'humain se pose des questions depuis des lustres ... que ce soit sur lui ou ce qui l'entoure ?
Nous vivons aujourd'hui dans une spécialistion je dirais extrêmes des diciplines. Ce "divorce science - philosophie" dont parlait Alain dans un autre sujet en fait partie.
Cette manière de penser et de fonctionner permet un meilleur rendement direct, certes : Mais qui aujourd'hui fait encore le(s) lien(s) ?
Les médias ?
La religion ?
La politique ?
En gros, tous sont à la masse derrière les dernières avancées scientifiques et technologiques ...
Dès lors il n'est pas étonnant que nous vivons de plus en plus dans une société technocratique, sans coeur ni âme.
Voilà ma perception de l'utilité de la philosophie et des sciences humaines, avec une pensée particulièrement forte pour les scientifiques philosophes, il en existe heureusement ;)

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 09:08
par Daniel
Bonjour Christian,
Mais qui aujourd'hui fait encore le(s) lien(s) ?
Tous ceux qui se préoccupent de philosophie, et qui interviennent en politique. Je pense qu'ils sont heureusement nombreux. Toi mème évoque des scientifiques philosophes. Et la culture scientifique est encore bien présente malgré tout.

Je ne crains pas trop le divorce entre les scientifiques et les citoyens. Je le constate certes, par exemple au niveau de lycéens qui utilisent les objets techniques sans se préoccuper de leur mode de fonctionnement. Mais la science n'a pas d'idéologie à mettre en avant (il ne faut pas confondre avec l'idéologie de certains athées).

Je crains beaucoup plus le divorce entre les citoyens et les économistes qui ont des programmes à imposer. Kevin a raison de montrer que des philosophes se préoccupent également d'économie. Je pense que c'est dans cette direction que l'on peut rechercher une nouvelle ame à notre société.

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 11:01
par Gerard78
Bonjour tous, Daniel,
Si je suis d'accord quand tu écris:
Mais la science n'a pas d'idéologie à mettre en avant
je ne comprends pas:
il ne faut pas confondre avec l'idéologie de certains athées
Pourrais-tu préciser?
Merci et bonne journée!

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 14:39
par Wouazo
Bonjour,
Relisez Descartes (René), le père de la philosophie moderne. Ce sujet ne sera pas achevé après votre mort et vous n’aurez jamais la réponse.
Bon courage !

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 15:58
par Daniel
Bonjour à tous et à Gérard (78) en particulier,
je ne faisais que répéter que je considère la science comme neutre, sans réponses philosophiques.
Ma petite pique dans la parenthèse que tu n'as pas comprise s'adressait en fait à une forme d'athéisme dont les tenants n'ont pas saisi que la science ne donnait pas de réponses métaphysiques ou morales. Ceux ci ne connaissent pas le doute scientifique et considèrent en fait la science comme une religion. Ils accusent les croyants de dogmatisme sans se rendre compte qu'ils le sont tout autant car ils veulent imposer leur forme de pensée alors qu'elle est hors du champ de la démonstration.
Eux sont dangereux car intolérants.

Pour revenir à mon idée du message précédant, les scientifiques, même incompris du grand public, même jouant aux apprentis sorciers avec leurs découvertes, me semblent moins dangereux que des économistes ou des politiques qui ne se confrontent pas à la réalité de la même façon.
Par exemple, les scientifiques inventeurs du DDT ont vite pris la mesure des désagréments pour l'environnement de leur produit. L'humanité et la planète n'en a pas trop souffert.
Alors que Karl Marx ou Adam Smith voient leurs idées perdurer, même en débat avec d'autres...

Pour Gérard (Wouazo),
la philosophie a effectivement un coté intemporel. Alors que les sciences avancent...
Descartes était autant scientifique que philosophe. Parmi les philosophes, il restera toujours aux cotés d'ancêtres et de successeurs aux idées différentes.
Parmi les scientifiques, il a laissé coté mathématiques ou optique des notions toujours acceptées comme actuelles (valables même si basiques) par les scientifiques.
Par contre, la lecture des œuvres en biologie de Descartes prête souvent à sourire tant les connaissances ont évolué!! (Voire à éclater de rire, si on est moins révérencieux tant sa pensée parait enfantine, surtout quant on pense qu'il a "inventé" le cartésianisme!)

Re: hakuna matata

Posté : 01 févr. 2012 17:02
par Gerard78
Re-bonjour Daniel,
Ce n'est pas une forme d'athéisme que tu vises, mais certains athées, nuance!
L'athéisme est une position, assise sur une démarche rationnelle (voir notamment Richard Dawkins, scientifique je le rappelle, mais plein d'autres..).
Si tu lis par exemple les principes de la Libre Pensée, tu verras qu'il y est écrit: "Loin de formuler un dogme, elle ne vise qu’à développer chez tous les hommes l’esprit de libre examen et de tolérance."...
Libre examen, tolérance, on est loin du prosélytisme, non?
Peut-on dire que les religions sont tolérantes, et acceptent le libre examen?

Un économiste n'est pas dangereux, en tant que tel, puisqu'il tente de conceptualiser le fait économique.
Ceux qui sont dangereux, ce sont les utilisateurs (souvent en les biaisant!) de ces théories.
Marx a fait un travail de type scientifique (et philosophique, notamment en utilisant des concepts hégéliens), comme Smith, Keynes, Schumpeter, et d'autres. Ce sont ceux qui ont utilisé et/ou détourné les travaux pour les "appliquer" qui ont fait du mal (et continuent allègrement en s'intitulant, pour noyer le poisson, libéraux, néo-libéraux etc...).
L'économie, en tant que discipline de connaissance, a pour vocation de comprendre et d'analyser les transferts de production entre les hommes. Elle se rapproche alors de l'écologie, qui s'intéresse aux transferts d'énergie entre les êtres vivants...
C'est une "science" humaine (encore que je n'aime pas utiliser ce binôme, car je n'ai pas connaissance de processus expérimental à la Claude Bernard en matière de "sciences humaines"...), qui ne mérite pas d'être torturée par le politique, mais au contraire doit accepter la confrontation entre les théories qu'elle met en place.
Quant à la reprise d'Adam Smith, ou de Samuelson, tu me permettras d'y préférer Chomsky!
On parle aussi, je le rappelle, de "science politique" (on a même créé des instituts pour ça!), mais la vraie problématique: à savoir "qu'est-ce que l'Etat?", et "ce dernier est-il indispensable (ou nécessaire) à la vie?" y est rarement posée en ces termes...
De même par exemple, qu'est-ce qu'une décision "majoritaire"? Ne vaut-il par lui privilégier le choix de l'unanimité, avec recherche de consensus? Ce sont des questions pas (ou peu) évoquées dans ces "instituts"....

Terminons par Descartes...
Discours de la méthode: "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont." et puis "Car ce n’est pas assez d'avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien"...
Que certains sur ce forum effectivement le relisent, non sans préalablement s'être (re) plongés dans Platon (et singulièrement le Gorgias, cela éviterait -mais seulement peut-être si l'on s'en réfère à Descartes-, aux mêmes d'écrire des... âneries pour reprendre une expression que je viens de lire avec stupeur sur le forum...).
Il est, au moins pour moi (mais j'en connais d'autres ;) ), le vrai fondateur de la philosophie.

Bonne fin de journée!