Bonjour à tous!
Voilà un sujet intéressant, mais qui me laisse perplexe.
J'utilise un Leica avec optiques à l'infini et un Lomo biolam en 160 mm. J'ai bien sûr essayé d'interchanger les objectifs, mais il n'en est jamais rien sorti de bon!
Tout objectif a une focale et peut donc former une image à une distance quelconque, selon les lois de Descartes. Mais ça ne veut pas dire que ce sera une bonne image à n'importe quelle distance! Les objectifs en 160 mm sont calculés pour que les abérrations géométriques (de sphéricité notamment) soient minimisées à cette distance là, très précisément. Pour les objectifs corrigés à l'infini, c'est comme leur nom l'indique, et ça ne revient pas du tout au même!
Par ailleurs, je remarque dans le graphique que tu publies, Pierre, que les performances se dégradent au contraire très vite avec les écarts à la distance prévue. Pour les objectifs à sec, 3 mm de différence (c'est à dire une lame de verre de 2 mm d'indice 1,5...) font perdre déjà 0,25 d'ouverture numérique, ce qui met les planapochromats de x40 n=0,95 au voisinage d'un simple achromat x40 n=0,65. Au prix où ils sont, ça vaut le coup de soigner le respect de la longueur de tube!
Je remarque aussi que les objectifs à immersion sont moins sensibles à ce critère, ce qui pourrait expliquer l'appréciation paradoxale de ton client.
En fait, je crois voir un malentendu sur la notion de longueur de tube d'une optique à l'infini. Car il y a bien une longueur de tube entre la lentille de Télan ("tube lens") et le plan où se forme l'image intermédiaire, et c'est bien dans ce cas là une longueur focale, la lentille de Télan faisant converger un faisceau parallèle, comme illustré par ce lien:
http://micro.magnet.fsu.edu/primer/java ... index.html
Cette longueur focale est peut-être en effet de 162 mm sur certains Zeiss, 180 mm chez Olympus, 200 mm chez Leica, etc... Mais elle ne conditionne en rien la qualité de l'image, seulement son grossissement. Si tu installes un objectif à l'infini Zeiss marqué x40 sur un microscope Olympus prévu pour l'infini, tu auras sans doute une excellente image, mais le grossissement réel sera peut-être de x45. Et inversement dans l'autre sens...
Les longueurs focales de tube ont l'air de converger dans l'intervalle 200 à 250 mm dans les microscopes les plus récents, pour des questions de contraste (angle des rayons marginaux minimisé pour une pupille d'entrée donnée).
Il faut savoir également que les systèmes à l'infini ont une supériorité théorique intrinsèque sur cette question du contraste, du moins dès que l'on rajoute des accessoires.
En conclusion, je voudrais donner le résultat de mon expérience à ce sujet. Les systèmes à l'infini sont très utiles pour bricoler. On peut insérer toutes sortes de choses dans le faisceau, à condition que les faces d'entrée et de sortie soient parallèles, et ça marche très bien, sans changement de grossissement, sans reflet parasite et sans image fantôme. J'ai rajouté un épi-illuminateur Olympus sur mon système Leica, qui n'y a vu que du feu!
L'inconvénient est que les objectifs sont chers, c'est vrai.
Donc, si l'on n'est pas bricoleur, rester en 160. Mais si l'on cherche la souplesse ou la meilleure qualité optique théorique, les optiques modernes à l'infini se justifient. Leur succès n'est pas sans raison!
En tout cas, merci pour ce graphique très intéressant, qui devrait interpeller les utilisateurs de Leitz en 170 mm qui mélangent...
Amicalement,
Marc