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Une histoire de poulets

Posté : 18 janv. 2013 19:13
par Fredlab
Hello

Entendu à la radio l'annonce comme quoi l'Europe allait diminuer de 50% ses subventions à l'export de ses poulets congelés... et tout de suite après, les difficultés que ça engendrerait pour le groupe Doux qui risque de mettre 5000 personnes au chômage.

Bon...
Je sais que dans un monde mondialisé, tout est lié, mais quand je pense à ce genre d'info (il faudrait quand même aller vérifier tous les chiffres...), j'essaye de voir si je pense à "tout".

- Dans l'élevage du poulet, on trouve de nombreuses approches : un éleveur va faire dans la rareté, la qualité, à des tarifs hors de portée de la bourse du pékin moyen... j'ai déjà eu la chance de manger du "pattes bleues" acheté sur un marché bressan, mais ce genre d'événement ne peut pas être mon quotidien. Un éleveur va faire du "Label Rouge", en respectant un certain cahier des charges (cahier parfois établi sous le diktat de l'éleveur), ce qui dégage une bonne marge mais implique certaines contraintes. Certains éleveurs déviants se lancent dans le bio alors que d'autres vont faire dans l'industriel, du poulet PAC, du poulet "minerai" avec des conditions de vie inhumaines pour ces pauvres poulets. Je ne sais pas combien rapporte l'élevage industriel, par kilo de poulet, mais visiblement, ce genre de pratique doit être subventionnée par l'Europe (au moins)
- Les élevages industriels appartiennent pour la plupart - je suppose - à de grands groupes agro-alimentaires. Du coup, l'éleveur n'est qu'un salarié du groupe. Il exécute les ordres d'en haut. Combien gagne-t-il par mois ? combien rapporte-t-il par mois à son employeur ?
- Les ventes de poulets industriels se font-elles à perte ? Si on supprime les subventions européennes, le poulet industriel est-il rentable ?
- A priori, nous sommes en excédent de production de poulets (industriels... si on était resté au "tradi", ça ne serait pas le cas, je pense). Des poulets sont exportés et j'ai lu que certains de ces poulets - congelés (il faut donc un supplément d'énergie pour le congeler, le transporter...), arrivaient sur les marchés africains et qu'ils étaient moins chers que les poulets locaux... il faut le faire... je ne pense pas que les matières premières locales soient plus chères que chez nous et j'imagine que l'ouvrier/éleveur africain coûte infiniment moins cher que son homologue européen. A quelle hauteur - ça doit être colossal - l'Europe subventionne ces poulets ? Ne ferait-elle pas mieux de subventionner les élevages africains, évitant un exode rural, évitant la misère qui pousse nos amis africains à quitter leurs pays.
- Nous exportons des poulets et voilà que l'on se retrouve à importer des africains. Ces derniers sont prêts à tout pour (sur)vivre chez nous. Je crois que nous sommes nombreux à profiter de cette main d'oeuvre sous-payée, illégale... enfin, je ne suis pas entrepreneur en bâtiment, ni restaurateur, ni gérant d'entreprise de nettoyage (qui "emploient" des clandestins qui vont parfois bosser dans les ministères)... je ne suis pas non plus marchand de sommeil, mais par contre, je paye des impôts pour les reconduites dans les pays d'origine, je paye des impôts pour l'Europe.
- J'ai cru comprendre que certains grands groupes importaient aussi du poulet industriel provenant de pays à plus bas coût de production que la France (Doux avec ses élevages brésiliens). Que deviennent ces poulets ? on les retrouve dans nos assiettes ? ils sont exportés, subventionnés, pour débarquer en Afrique ? A qui profitent ces manipulations ?
- Les poulets industriels élevés en France créent des emplois, les employeurs versent des charges à l'état, payent des impôts (combien ?), les employés - je ne pense pas qu'ils soient surpayés - consomment leur paye, rapportent de l'argent à l'état, à l'Europe par les impôts, ils s'endettent pour acheter des biens et donc ils enrichissent les banques.
- L'état, avec les impôts des uns et des autres, paye l'éducation, les soins, la justice, la culture, l'armée, la police... investit dans des infrastructures.
- Les poulets industriels sont des cauchemars pour l'environnement. Ils produisent tant de fientes que les régions d'élevage (Bretagne) sont en excédent de nitrates. Les eaux ne sont plus potables, l'eutrophisation devient la règle et quand tout ceci se retrouve en mer, on finit avec des marées vertes.
- L'eau du robinet devient impropre à la consommation. Il faut acheter de l'eau en bouteille.. mais pour des sources locales (il y avait ça en Bretagne, il y a quelques années), ça n'est plus possible. L'eau de bouteille en Bretagne est importée.
- Il faut traiter les marées vertes, mais comme les lobbies des éleveurs sont surpuissants, il est impossible de traiter le problème à la source - si je puis dire - et donc, les collectivités locales claquent des sommes astronomiques en nettoyage des plages... ce nettoyage est impératif si on veut qu'il y ait des touristes en été (touriste que l'on va allègrement plumer quand il vient se restaurer - par exemple - en lui fourrant sa galette avec de l'émincé de poulet industriel - en arrière-cuisine, un sans-papier fait la plonge). Il est vrai que nettoyer les plages, accueillir le touriste, ça crée des emplois.

Questions :
- ai-je oublié quelque chose ?
- a qui profite le crime ?

Re: Une histoire de poulets

Posté : 18 janv. 2013 20:36
par Olivier61
Tu connais certainement ce documentaire qui est passé l'an dernier sur Arte : Food inc.
Sinon voici un lien pour la première partie :
http://www.dailymotion.com/video/xiycay ... PmhCGdP5dk

Faut quelquefois avoir le cœur bien accroché... (c'est à devenir végétarien).

Re: Une histoire de poulets

Posté : 10 févr. 2013 10:26
par Fredlab
Hello

Postée sur un autre forum... ça commence aussi par des images de poulets

http://vimeo.com/57126054

Re: Une histoire de poulets

Posté : 10 févr. 2013 13:07
par Daniel
Hello,
Fred s'est limité en conclusion à la question: à qui profite le crime?
sous entendant d'emblée un "crime" et ne disant pas alors que nous sommes tous plus ou moins coupables, ou du moins complices des firmes et des états qui ont changé nos modes de vies, comme consommateurs et citoyens ...
Fred est parti d'un problème français, mais en reconnaissant que le phénomène est mondial, avec toutefois des modèles nord américains qui diffusent vers l'Europe avant de gagner les pays en développement.

Les problèmes évoqués par ces films sont de plusieurs ordres:
éthiques: comment percevons nous les animaux? comment les traiter ou les utiliser?

économiques: la recherche de la productivité maximale est elle toujours à privilégier? faut il imposer une qualité minimale aux produits? ou placer le seuil? la population mondiale peut elle être égale devant la consommation? Le "marché" doit il être controlé, voir dirigé par l'état?

philosophiques (de café): l'argent fait il le bonheur? La science et la technologie ont elles amélioré les conditions de vie depuis le moyen age? l'individu est il libre face aux contraintes de son environnement?

politiques: qui prend les décisions dans nos démocraties: les citoyens, les politiques qu'ils élisent, les technocrates de l'état ou les multi-nationales?

écologiques: quelles sont les limites à l'utilisation par l'espèce humaine de la planète terre? peut elle prendre le controle de l'évolution au dela de la production de races par sélection artificielle? la trangenèse et la production d'OGM sont elles à développer?

Ma liste est loin d'être exhaustive... Mais en fait, tout ne se résume t il pas à une question pratique présente dans les programmes du lycée: comment nourrir l'humanité?
Malheureusement, il n'y a pas de solution toute faite ...
et dans le cadre des sciences de la vie et de la terre, nous ne pouvons présenter qu'une vision scientifique de la question.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 10 févr. 2013 15:23
par BINO-BONI
Autant je prendrais la défense des paysans qui essaient de survivre en utilisant des pesticides quand ils n'ont pas d'autres solutions, autant, je pense comme Fred : on marche sur la tête mais................. pour répondre à une problématique que l'on a nous même créé!
C'est le serpent qui se mord la queue, en d'autres termes, c'est bien de notre faute!

Restons dans le poulet puisque c'est le plat du jour:
Une demande forte en poulet: les cantines scolaires, les collectivités!
Les cantines direz-vous? mais elles n'existent plus puisque, pour des raisons de prix, de sécurité alimentaire, de principe de précaution et de coût "insupportable" en infrastructure et en personnel, elles ont été remplacées par de la cuisine industrielle préparés en "laboratoire" et réchauffée avant le service.
(ndlr: à partir de cette ligne il s'agit d'une fiction-réaliste!)
Donc qui achète le poulet? SODEXO (parmi d'autres)gros groupe industriel qui optimise sa fabrication en achetant au moins cher et propose des prix canon aux collectivités.
Pour fermer la boucle, SODEXO achète à MACHIN (en Italie) , qui sous-traite à TRUC (en Hollande (ils sont faux-culs ces Hollandais)) lequel se fournit chez BIDULE (en Roumanie) qui abat son poulet acheté chez BRAZILCHA au Brézil, chez WZKX en Bielorussie après avoir versé une commission d'intermédiaire à INCONNU basé en Turquie!!!

On a inventé le tour du monde du poulet! et la traçabilité là dedans, on a oublié puisque l'usine à gaz des appros et au moins aussi opaque que la règlementation européenne sur le sujet! Et en regardant bien vous dénicherez un circuit international dans lequel les grandes mafias (italiennes, financières, russes...) sont parfaitement à l'aise et tirent des profits EXORBITANTS

Alors pour faire face, le poulet breton a dû lui aussi s'adapter et subir l’industrialisation et la concentration des élevages avec les résultats cités plus haut!

(ndlr: fin de la fiction!)

Et après un scandale qui révèle que le poulet servi à la cantine est en fait du canard à la retraite livré par un éleveur vietnamien au brésilien de service lequel s'est "trompé d'étiquette", TOUT LE MONDE GUEULE à commencer par les journaleux qui s'offusquent et tournent en boucle le sujet du jour jusqu'à provoquer une indigestion de poulet à toute une nation!!! Pas de chance, les journaleux qui s'occupent plus du décoleté de Mme MERKEL que du poulet asiatique, N'ONT RIEN VU VENIR eux non plus puisqu'ils cherchent plus leurs info sur le net que dans les poubelles des cantines!

A qui la faute? Au système monsieur! et le système qui c'est? c'est la ménagère qui ne veut pas payer trop cher la cantine, le maire qui a renoncé aux repas préparés sur place, aux politiques qui n'ont rien vu venir comme d'habitude (ils sont tellement mauvais) et à la démagogie collective qui déresponsabilise tout le monde en particulier les décideurs de tous poils dont la seule action consiste à ouvrir la parapluie pour ne pas perdre les avantages attachés à leurs positions!

ça ne vous rappelle rien? je vous rafraichis la mémoire:
- Le sang contaminé.
- Le scandale de la pseudo pilule pour l'acnée
- Le scandale du coupe faim
- Le scandale de la grippe aviaire
et le scandale attendu DE LA PILULE en général, qui multiplie par 100 le risque d'AVC chez les femmes fumeuses! On finira bien par en parler un jour quand les médecins spécialistes seront enfin écoutés par les médias!
- etc.......

On n'en sort pas PARCE QUE PERSONNE N'A ENVIE ou LE COURAGE DE PRENDRE LES DÉCISIONS QUI S'IMPOSENT et APPLIQUER LES REFORMES NÉCESSAIRES mais GÊNANTES car elle se traduiront immanquablement par des changements dans le mode de vie très déresponsabilisé de chacun qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez (ou de son bien-être, de son petit portefeuille...)

Elles ne sont pas nombreuses ces décisions à commencer par celles-ci:
1 - La peur du gendarme: La tôle + Amendes civiles et pénales dissuasives aux tricheurs: 1 million d'euro X 10 à chaque récidive pour les tromperies graves, les arnaques et escroqueries en tout genre, car il s'agit bien d'une escroquerie en bande organisée
2 - Interdiction de tout mandat social et politique pendant 20 ans à toute personne qui ne présente pas un CASIER JUDICIAIRE VIERGE
3 - limiter tous les mandats politiques à 10 ANS!

Ensuite, on choisi les priorités des réformes à engager: privilégier le citoyen, sa santé, sa famille (même si l'addition est plus salée), ou l'environnement ou les emplois ou la croissance (!!!) car ces priorités sont CONTRADICTOIRES et là ce ne sera pas facile!
Il faudra choisir entre le faux poulet brésilien ou le ticket de cantine scolaire à 10 € (au lieu de l'abonnement à Canal+ + TPS + iPHONE + vacances en Thaïlande + 300 € de jouet par gosse à Noël + une semaine à la neige à 3000 € + 30 heures de travail par mois + 6° semaine de congés payés + retraite à 50 ans....)
Non ce ne sera pas facile et qui va commencer avant qu'il ne soit trop tard?
C'était le coup de sang de Monsieur Cyclopède.

Bonne réflexion!

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 15:04
par Wouazo
Bonjour,
Très intéressant le sujet du poulet. Ce n’est pas forcément un grand groupe qui élève ces volatiles, il y a aussi des paysans qui ont un hall (je crois que c’est le nom de ces demi-tonneaux où il y a 500 bestiaux voir plus.) les aliments sont fournis par un groupe et à l’âge de l’abattage, pas un jour de plus, ils sont sacrifiés. Pour les dindes, les cailles, les oies, les canards et les lapins c’est idem ! Aussi je ne mange pas de ces bêtes, par sensiblerie, je préfère les nuggets industriels, c’est parfait, pas de microbes ou de bactéries, l’aliment irréprochable.
A propos, dans les abattoirs industriels, qu’est-ce que l’on fait avec les plumes, les viscères et autres déchets ? Je n’ai pas la réponse.
J’ai visité que des halls d’élevage de poules pondeuses élevées en plein-air.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 15:12
par Fredlab
Hello
Wouazo a écrit :A propos, dans les abattoirs industriels, qu’est-ce que l’on fait avec les plumes, les viscères et autres déchets ? Je n’ai pas la réponse.
Il me semble que ces "déchets" sont forcément bonifiés... on met ça en granulés destinés à l'alimentation animale, dans les pâtés pour chiens/chats (?)... dans les nuggets (?)
Dans une autre filière, les maraichers bio utilisent de la poudre de corne comme engrais.

L'histoire du cheval dans les lasagnes au boeuf est aussi un exemple édifiant.
Après, difficile de jeter la pierre à tous ceux qui ont recours à la bouffe industrielle.
C'est souvent moins cher et c'est pratique.
Je ne suis pas banlieusard, mais on a tous dans notre entourage des connaissances qui se tapent trois heures de trajet par jour... après une journée de turbin, rentrer à plus de huit heures du soir (alors que le lever était à 5 h)... si en plus il faut faire la cuisine...

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 16:20
par Wouazo
J’ai énormément de craintes pour la valorisation des déchets, je ne veux pas m’avancer, mes information sont trop sommaires pour affirmer.
J’utilise de la corne torréfiée et du sang séché, ce n’est pas réservé au bio. La corne et le sang sont des engrais à azote organique qui se transforme en produit solubles par la nitrification.
Je ne jette pas la pierre à ceux qui absorbent de la bouffe industrielle, je viens d’en rencontrer, c’est l’horreur. Ils sont obligés d’acheter les premiers prix, pas par manque de temps pour cuisiner mais par manque de monnaie. Ils ont un travail avec un salaire de misère et pas assez d’argent pour mettre du carburant dans une voiture pour faire un deuxième travail.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 19:10
par BINO-BONI
Le peu que je sache:
Les plumes: engrais organique après broyage et mélange avec d'autres sources (corne, sang...) j'ai bien dit "angrais" et pas amendement car il n'y a pas transformation en humus. La matière organique apportées se minéralise par action des micro-organisme du sol qui les libère lentement. Très appréciés des BIOS mais inutile pour le sol!

Les viscères: autrefois elles partaient à l’équarrissage pour une destination que je ne connais pas , puis plus tard en farine de viande..........qui sert d'aliment à d'autres animaux......... :o comme chacun sait.

Re: Une histoire de poulets

Posté : 12 févr. 2013 19:22
par BINO-BONI
Wouazo a écrit :J’ai énormément de craintes pour la valorisation des déchets, je ne veux pas m’avancer, mes information sont trop sommaires pour affirmer.
J’utilise de la corne torréfiée et du sang séché, ce n’est pas réservé au bio. La corne et le sang sont des engrais à azote organique qui se transforme en produit solubles par la nitrification.
Je ne jette pas la pierre à ceux qui absorbent de la bouffe industrielle, je viens d’en rencontrer, c’est l’horreur. Ils sont obligés d’acheter les premiers prix, pas par manque de temps pour cuisiner mais par manque de monnaie. Ils ont un travail avec un salaire de misère et pas assez d’argent pour mettre du carburant dans une voiture pour faire un deuxième travail.
Séparons les deux sujets:
les "faibles revenus" qui sont obligés de rechercher des moyens de subsistances sans autre choix que les premiers prix: c'est un drame de société mais est-on certain que les produits industriels, qui sont transformés pour la plupart, représentent LA SOLUTION LA PLUS ÉCONOMIQUE ?
Les "revenus de la classe moyenne" pour lesquels les produits industriels représentent une solution "de confort" par manque de temps ou autres préoccupation ou tout simplement par changement d'habitudes! On ne vit plus comme il y 50 ans! La part des aliment dans le budget des ménages a fortement et continuellement baissé depuis plusieurs décennies et n'est plus depuis longtemps la fraction la plus importantes du budget des ménages derrière les loyers ou la (ou les) voitures.