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Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 09 déc. 2015 18:02
par BelialL
Bonjour à tous,

J'ai une petite review à faire dans le cadre d'un cours et j'en ai profiter pour parler de plante et plus précisément de vignes infectées par Botrytis cinerea.

Je pense que cela pourrait intéresser plusieurs d'entre vous, j'ai dû faire un peu court car on est limité en nombre de pages.

Le fichier en pdf est joint au message. C'est une première version donc n'hésitez pas si vous avez des remarques ou si vous voyez des fautes. ;)

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 09 déc. 2015 19:58
par BINO-BONI
Bonsoir
Je connais bien le sujet pour l'avoir pratiqué pendant plusieurs décennies d'abord au labo et en expérimentation puis dans la pratique au vignoble. Par contre les nouvelles donnes biochimiques ou génétiques me sont totalement étrangères.
On pourrait en parler longtemps mais qu'attends-tu de nous?

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 09 déc. 2015 20:50
par BelialL
C'était surtout pour vous présenter le truc et lancer d'éventuelles discussions, je pense que le sujet peut intéresser plusieurs personnes ici étant donné qu'on a quelques viticulteur et autres personnes dans le vin.

Après les remarques ou autre sont au bon vouloir de chacun. :)

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 09 déc. 2015 21:51
par BINO-BONI
Bon alors je commence en essayant d'enrichir ton texte dans lequel tu as seulement oublié dans les moyens de combattre le Botrytis, les méthodes prophylactiques aujourd'hui largement appliquées et qui donnent une première réponse plutôt satisfaisante quand les conditions climatiques et environnementales ne sont pas trop favorables.
Je veux parler des méthodes culturales destinées à limiter la vigueur, l'assimilation azotée et la croissance prolongée. Puis les pratiques telles que l'effeuillage, l'épamprage ou la suppression des entre-cœurs qui favorisent la ventilation des grappes, donc accélèrent leur assèchement puisqu'on sait que la germination des spores exige de l'eau sous forme liquide pendant une durée minimale. Tout ce qui contribue à accélerer le dessèchement des organes après une pluie, réduira l'intensité des attaques et au final le taux de pourriture de la vendange.

Bien entendu la lutte préventive ne fait pas disparaître le risque d'attaque mais contribue à les réduire, ce qui certaines années peut suffire à conduire la vendange jusqu'à la récolte sans trop de bobos.

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 10 déc. 2015 07:44
par André
Bonjour à tous

Je suis tout à fait en accord avec les mesures décrites par Jean Claude.
Cela fait bien 20 ans que je n'ai plus utilisé de fongicides à visée anti-botrytis.
Pour limiter les dégâts du botrytis quelques mesures :
Utilisation d'engrais azotée limitée au maximum et enherbement optimal des vignes, pour aérer les grappes, ebourgeonnage au printemps( suppression des pousses inutiles sur le cep )et effeuillage pour les cépages sensibles , lutte contre le ver de la grappe qui offre une entrée au botrytis dans les baies : à noter que celui-ci se tient assez tranquille ces dernières années en Alsace.
Une mention particulière pour l'année 2015 où le climat sec n'a pas permis le développement du Botrytis, ce qui d'ailleurs n'a pas arrangé les vendanges tardives ou sélection de grains nobles !
Est également apparu sur le marché un traitement anti botrytis bio : le bacillus subtilus . Je ne connais pas son efficacité .

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 10 déc. 2015 10:20
par 6le20
Bonjour à tous

je ne peux que saluer un travail qui tend à limiter l'usage d'antifongiques mais je suis totalement incompétent dans les domaines exposés.

Pour ma part ce que je sais, c 'est que l'infestation se fait le plus souvent au niveau de la fleur et que le mycélium est présent dans le grain. Si le grain est souvent humidifié longuement, sa peau est percée par le champignon et ouvre la porte à d'autres agents pathogènes, ce qui engendre la pourriture grise redoutée des viticulteurs.
Par conte, si l'humidité est limitée, le mycélium se développe insuffisamment pour percer la peau, le grain s'assèche et le champignon participe alors à la concentration des sucres et des arômes ce qui donne la pourriture noble des grandes cuvées.

Donc je rejoins Jean-Claude et André sur les pratiques culturales visant à permettre l’évaporation rapide de l'eau à la surface des grains.

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 10 déc. 2015 11:14
par BelialL
Salut,

Merci pour vos ajouts.
J'avais en effet laisser de côté toutes ces méthodes comme il s'agissait de rester centré sur les techniques haut-débit.

Aucun n'a testé les éliciteurs alors ? En plus des méthodes prophylactiques, ça peut être intéressant...
Ce traitement bio que tu évoques André, ça doit être un éliciteur je pense. C'est sensé activer les systèmes de défense de la plante en l'exposant à des agents pathogènes inactifs.
Le souci c'est qu'on ne comprend pas bien encore ces systèmes de défense et leur spécificité donc on active des choses sans trop savoir pourquoi ni comment d'où les approches haut-débit pour essayer d'avoir une vision globale du métabolisme des plantes. Des fois ça marche, d'autres fois non. :)

Pour reprendre les méthodes citées, il s'agit de méthodes permettant de suivre l'évolution des petites molécules (métabolites) dans les plantes ou le champignon. Avec ça, on peut faire des profils métaboliques qui sont caractéristiques d'un état de la plante.
Ainsi, comme je le mettait dans la discussion, la RMN par exemple permet d'établir ces profils de manière très rapide et très reproductible.
On peut alors détecter très tôt une éventuelle infection et tenter des traitements si besoin. C'est une technique qui permettrait de grandement limiter les traitement et pas seulement pour les vignes mais aussi pour les autres cultures.

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 10 déc. 2015 12:02
par BINO-BONI
Les éliciteurs de la défense immunitaire de la vigne a été beaucoup discutée quand est sorti le MIKAL, anti-mildiou systémique à base d'Ethyl phosphite d'aluminium. Pepro, à l'époque en avait fait un argument commercial puissant.
Côté infestation, les premiers travaux effectués en 1970 à l'INRA de Bordeaux et auxquels j'ai participé, ont mis en évidence quatre périodes favorables au applications de fongicides dont les plus déterminantes: la chute des capuchons floraux et la véraison.
On sait que la première est cruciale car elle correspond à l'installation discrète du parasite sur les organes floraux sénescents (étamines et calice et c'est à partir de ces relais que la parasite peut exercer son action pathogène en pénétrant dans les baies quand les conditions deviennes favorables en particulier après la véraison. Il est important de rappeler que le Botrytis n'est pas un parasite stricte mais une cryptogames saprophyte et parasite.

On ne peut pas dire que le champignon s'installe prématurément DANS les baies mais SUR les baies, notamment à l'emplacement où restent collés les organes floraux sénescents.
Quant à la forme "pourriture noble" elle se développe tardivement sur des baies déjà riches en sucre ce qui le gène et l'oblige à se cantonner sous la cuticule. C'est alors là qu'il concentre le jus de la baie pour donner, avec des caractères rapportés des composantes aromatiques originales qui éblouissent les papilles (Sauterne, Coteaux du Layon, etc. dont bien entendu les "récoltes tardives" ou "grains nobles" chers à nos amis alsaciens! :D

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 20 janv. 2016 07:55
par André
Bonjour à tous, Kevin

Nous avons mis en avant des méthodes prophylactiques contre le Botrytis...mais une enquête au sein d'une Coopérative vinicole alsacienne a montré que 22% des viticulteurs ont eu recours à des traitement fongicides contre le Botrytis en 2015...
Les recherches sur ces méthodes alternatives ne sont donc pas tout à fait 'has been " !!!

Re: Pesticides/fongicides et vignoble

Posté : 20 janv. 2016 16:31
par BINO-BONI
André, elles n'ont JAMAIS été "has been" puisque les travaux se poursuivent dans le programme de l'Institut de la Vigne et du Vin depuis plus de 50 ans. On connait bien les méthodes préventives comme la protection contre les vers de la grappe, l'effeuillage et autres mais depuis 1980, elles ont dérivées vers la modélisation, autre forme plus pointue, pour essayer de déterminer les potentiels de risques en fonction de la phénologie de la vigne et de la climatologie. La connaissance de ces facteurs servant à définit les périodes de NON RISQUES au cours desquelles les traitements sont inutiles.
La lutte chimique spécifique qui remonte à 1970 avec un fongicide qui s'appelait l'EUPARENE, a toujours été couplée avec la recherche de solutions alternatives, dont la maîtrise des vers de la grappes laquelle reste la première cause de dégâts.