Le Naturaliste

Bonjour à tous,

aujourd'hui je vous présente une grande manipulatrice...

Arum italicum Mill., 1768 ; Arum d'Italie (Araceae).

Observé du début avril au 9 mai 2017, à Peyriac-Minervois (11), aux Tuileries d’Affiac, dans les coins humides et ombragés des vieux jardins. La nappe phréatique est ici à 3 m. Après les pluies abondantes de cet hiver et du printemps, certaines feuilles dépassent les 30 cm de limbe : Fin avril, les fleurs ne sont pas loin d’être prêtes à s’ouvrir : A peine ouverte, la spathe retombe mollement sur le spadice crème (caractère spécifique) en le protégeant (sur l’image de droite, il a été écarté) :
Lorsque l'on retire la spathe, voici que l'on trouve une structure étagée complexe :

[suite]

La reproduction de cet Arum est tout un art dont voici les différentes étapes (Wikipedia) :

- 1 Le premier soir la spathe s’ouvre et les fleurs femelles deviennent fécondables.

- 2 Par une action métabolique appelée thermogenèse, le spadice se met à chauffer et à diffuser une odeur d’urine et d’excréments qui attire de petites mouches (généralement des Psychoda, mais pas seulement) qui pondent dans ce type de milieu.

- 3 Les insectes descendent dans la gaine de la spathe dont ils ne peuvent remonter en raison des poils inclinés vers le bas et du liquide nourrissant qui suinte de la paroi. Ils sont piégés pour 24 h. Alors ils se baladent, sur les organes femelles, les fertilisant du pollen qui tapisse leur corps issu d’une fleur visitée la veille.

- 4 L'après-midi du jour suivant, les stigmates des fleurs femelles se flétrissent et les anthères des fleurs mâles s'ouvrent alors pour libérer leur pollen sans risquer l’autofécondation. Ce pollen enduit les mouches qui continuent à s’agiter.

- 5 En fin d’après midi, les poils qui les emprisonnaient sèchent et se flétrissent. Les insectes tout badigeonnés de pollen frais peuvent aller se faire attirer par une autre fleur qui vient de s’ouvrir…

- Etc…


La fleur examinée ici a été cueillie à 14h, soit midi solaire :
Les fleurs mâles forment un anneau, de 5 mm de haut, composés d’anthères soudées dos à dos qui commencent à peine ici à s’ouvrir. Les poils piégeurs, à droite, indiquent le haut et s’étendent aussi sur 5 mm. Les poils situés vers le bas, ne forment pas un anneau régulier, ce sont simplement quelques poils plus ou moins denses situés juste au dessus des fleurs femelle et qui laissent passer les insectes :
[Image obtenue par zédification de 25 images empilées par le logiciel de focus stacking Helicon Focus 6.6]
Les fleurs femelles, ici déjà fécondées, ont perdu leur style :
[Image obtenue par zédification de 41 images empilées par le logiciel de focus stacking Helicon Focus 6.6]
Une image de Psychoda (WikiCommons) pour visualiser ce dont il a été question :
Gérard Breton nous a offert une petite étude de Psychoda phalaenoides au microscope !
Et le pollen posté dans la section idoine !


En juin les feuilles ont quasiment toutes disparues et il ne demeure que les robustes tiges fructifères (photographiées ici en juin 2016 à Ornaisons) :

Bonjour et merci pour ces précisions.
Dans mon secteur cette plante abonde et représente même une des principales espèces adventices des massifs ombragés.
Les sangliers raffolent des bulbes de cette plante mais évitent précautionneusement de manger les parties aériennes.

Bonjour à tous,

voici un des rares pieds échappé à la frénésie des débroussailleuses. La tige fait dans les 3 cm d'épaisseur et sa hauteur totale dépasse les 50 cm !
Une taille vraiment exceptionnelle.