J’ai le projet, qui ne verra le jour sans doute qu’à échéance lointaine, de faire des portraits de graines. Aussi, depuis quelque temps, je recueille et mets de côté des graines au cours de mes balades ou bien dans mon jardin ou encore dans les sachets d’épices du commerce (voir par exemple http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... 21#p115521).
C’est dans le cadre de ce projet que j’ai recueilli de graines ailées de Laser (si, si, je l’ai appris à cette occasion, c’est son nom) l’Apiaceae Laserpitium latifolium Linnaeus 1783, il y a quelques jours aux Forges d’Orlu (Ariège), à environ 850m d’altitude.
Or, dans un message récent, Sylvain lance l’hypothèse que les champignons observés sur la fausse-cloison d’un fruit de Monnaie du Pape pourraient être des symbiotes favorisant la germination et le développement des graines, dont elles sont proches dans le fruit. On connaît depuis longtemps ce phénomène chez les orchidées, et depuis moins longtemps, on a découvert qu’il n’était pas limité aux orchidées et aux mycorrhizes.
Citation de Sylvain :
Quant aux rôles des champignons vis à vis des plantes, depuis une vingtaine d'année, il est de plus en plus évident qu'ils sont indispensables et souvent associés à des bactéries...
Extrait de Wikipedia :
Les recherches actuelles montrent une association plus large au niveau des mycorhizes, avec le concept de microbiome mycorhizien, appelé rhizo-microbiome, qui fait également intervenir des bactéries.
Au niveau évolutif, il y a consensus pour considérer que les plantes chlorophylliennes n'auraient pu prendre pied sur les continents sans l'aide des champignons. Au niveau génétique, le moindre gland comporte quelques 35.000 accroches pour s'associer à autant de possibles champignons qui favoriseront sa germination et son développement...
Le rôle de ces discrets mais indispensables contributeurs est évidemment difficilement observable, car rien ne ressemble plus à un brin de mycélium de diamètre microscopique qu'un autre brin... Et puis comment les différencier et comment différencier leur rôle ?
J’ai donc observé au microscope un morceau d’aile de graine de Laserpitium de 5 x 2 mm, monté dans l’eau, les photographies suivantes sont prises avec mon plus fort objectif à sec, un 63x, en contraste interférentiel frange noire. Les cellules, comme celles de la fausse-cloison de Monnaie du Pape, sont grandes, allongées, et montrent parfois des ponctuations. Le fond est strié. Mais le plus remarquable est la quantité de spores de champignons, chlamydospores, arthrospores et conidies variées, moins souvent de filaments, et les inévitables machins-en-relation-avec-un-filament-mycélien-que-je-ne-sais-pas-interpréter.
Décidément, nos plantes à fleurs se vautrent dans la fonge !
C'est volontairement que je n'ajoute aucun commentaire aux photos.
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Quelles conclusions tirer de cette nouvelle observation ? Que des champignons, en particulier sous une forme liée à leur reproduction (spore), se trouvent sur des structures de plantes à fleurs liées également à la reproduction/dissémination. Qu’il y en a beaucoup : dans le cas de la graine de Laserpitium, le morceau de 5 x 2 mm en portait plusieurs dizaines. Mais ce sont sur des structures membraneuses et cellulosiques que nous les avons vues. On ne peut donc pas exclure qu’il s’agisse de saprophytes, emportées par le vent et piégées par le premier obstacle venu…
Donc dans notre cas, l’observation seule est insuffisante pour décider s’ils ont un rôle dans le développement de la plante à fleurs, et lequel : il faudrait expérimenter.
Une incidente personnelle pour finir : je retrouve sur l’aile de graine de Laser ou sur la fausse-cloison du fruit de Monnaie du Pape des champignons qui ont la même allure, spores et filaments, que les champignons fossiles que j’observe dans divers ambres. Et ça, c’est super !
Cordialement
Gérard Breton
