Le Naturaliste

Provenant du lac de Remoray, Jura, Cosmarium depressum présente des cellules largement elliptiques presque aussi longues que larges.
Longueur : 41.4 µm (selon Lenzenweger : 36-50 µm).
Largeur : 42.6 µm (selon Lenzenweger : 35-55 µm).
Les parois sont ponctuées de pores qui sont visibles sur cette coupe :
L'espèce est indiquée par Lenzenweger dans les zones littorales de lacs et étangs peu pollués ( Ph 6.9-7.2).

Cosmarium depressum (Nägeli) Lundell, 1871 nom. illeg.

En suivant COESEL & MEESTERS, 2023 , l’espèce doit s’appeler Cosmarium scenedesmus Delponte, 1877
Le nom de l’algue est nom. illeg. (nomen illegitimum) parce que le taxon spécifique depressum avait déjà été utilisé auparavant avec Cosmarium depressum BAILEY, 1851. (une algue différente comme il est montré dans le sujet)

Basionyme : Euastrum depressum Nägeli, 1849

Synonyme : Cosmarium neodepressum Ramos & Moura, 2020

Il y a eu de nombreuses confusions de nomenclature entre les divers taxons C. depressum de différents auteurs. Pour simplifier, notons que chez C. scenedesmus (= C. depressum Lundell) les angles des hémicellules sont bien arrondis alors qu’ils sont aigus chez C. baileyi Wolle (= C. depressum Bailey)

GUIRY & GUIRY déclinent 18 var. et 4 fo. dont les 4 var. achondrum W. & West - granulatum Turner - intermedium Messikommer - planctonicum Reverdin citées de France en plus du type.

Cette algue est subcosmopolite et largement documentée en Europe


France :
Sources :

NÄGELI, 1849 : Gattungen einzelliger Algen. Zurich - as Euastrum (Tetracanthium) depressum - avec des figures caractéristiques (vignette sur la carte)
BAILEY, 1851 : Microscopical obs. made in South Carolina, Georgia and Florida. The Smithsonian Institution vol. II - l’auteur décrit succinctement son C. depressum qui s’avérera être le C. baileyi de l'auteur suivant : LUNDELL, 1871 : De Desmidiaceis que in Suecia Inventae Sunt Observationes Criticae : l’auteur y déplace le taxon vers le genre Cosmarium et écrit “non C. depressum BAILEY ». Il rejette ainsi le taxon décrit de Floride par BAILEY.
DELPONTE, 1877 '1878 : Specimen Desmidiacearum subalpinarum. Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, serie 2 – l’auteur avait bien observé et décrit cette algue en la nommant Cosmarium scenedesmus. Il justifie le choix de son nouveau taxon en écrivant « Cette espèce ne diffère des Scenedesmus que par l'absence de l'épine aux extrémités » C'est assez vrai pour la forme générale mais il oublie que chez les Scenedesmus (Chlorophyta-Sphaeropleales), les cellules sont totalement séparées dans les coenobes même s'ils sont bicellulaires. WOLLE, 1884 : Desmids of the United States and list of American Pediastrums… Bethlehem, PA: Moravian Publication Office – l’auteur montre bien que le taxon Cosmarium depressum (Näg.) Lundell est différent de C. depressum Bailey mais il ignore la publication antérieure de DELPONTE KOUWETS, 1999 : A check-list of desmids of France. Patrimoines Naturels 41 MNHN-SPN
COESEL & MEESTERS, 2007 : Desmids of the Lowlands. KNNV Publishing – 2023 ; seconde édition
JOHN, WHITTON & BROOK, 2011 : The Freshwater Algal Flora of the British Isles. Cambridge University Press
RAMOS & MOURA, 2020 : Nomenclatural and taxonomic notes on Brazilian desmids III: Cosmarium, Euastrum and Staurastrum… Notulae Algarum 123 – les auteurs « clarifient » le statut taxonomique de l’espèce en la renommant C. neodepressum sans voir la publication de DELPONTE en 1877 qui a priorité sur leur nouveau taxon spécifique ! ... un "coup d'épée dans l'eau"... GUIRY, M.D. & GUIRY, G.M. 2025 : AlgaeBase. World-wide electronic publication. National University of Ireland, Galway –avec des clichés de C. neodepressum ici : https://www.algaebase.org/search/images ... g_id=24483


Données antérieures à 2000 :

D’abord selon la bibliographie de Frans KOUWETS :
ALLORGE, 1924 : Desm. Lac de Grand-Lieu. Revue Algo. 1 ; prairies submergées à characées et myriophylles (Loire-Atlantique) - 1926 : Algues du Briançonnais. BSBF 73 ; Lac de Sarailley, alt. 2250 m (Hautes-Alpes) & Algues étangs de la Brenne. CR Congrès Soc. Savantes Paris ; étang Bruno (Indre)
ALLORGE & DENIS, 1919 : Répart. desm. tourbières Jura français. BSBF 66 ; scirpaie Lac des Rousses ; tourbière à Hypnacées ( (Jura et Saône) - 1927 : Notes complexes véget. lacs-tourbières Aubrac - La publication étant indisponible, on retiendra une présence aux limites du Cantal, de l’Aveyron et de la Lozère – 1931 : Algues de Sologne. BSBF 72 ; étang de La Prée vers La Ferté-Imbault (Loir-et-Cher)
BAÏER, 1978 : Contrib. connaissance Desm. PN Vanoise. Travaux Sc. PN Vanoise 9 ; Lac du Lait et Lac Blanc de Termignon, alt. 2190 & 2246 m (Savoie)
BAÏER & al. 1984 : ... Vanoise ; lac du Clou, alt. 2373 m (Savoie) et Lac Punay, Massif du Taillefer, var. intermedium (Isère)
CAPDEVIELLE, 1979 : ... lacs de Cazaux-Sanguinet-Biscarosse ; avec type et var. achondrum (limites Landes et Gironde) – 1985 : Landes avec var. granulatum
COMERE, 1927 : Add. flore algo. eau douce Pays Toulousain. Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse 56 ; Aucamville près Toulouse (Haute-Garonne)
DEFLANDRE, 1924 : Contrib. flore algo. Haute-Savoie. BSBF 70 ; tourbière de transition au Praz-du-Lys (Haute-Savoie)
DE POUCQUES, 1952 : Etude algo. étang La Grange-en-Woëwre. Revue génér. bota 59 (Meuse) – 1953 : Contrib. étude flore algo. Lorraine. Bull. Soc. Sc. Nancy 1953 ; assez commun ; étang des Moines près Réchicourt, pH 7,8 (Moselle) – 1955 : Nouv. contrib. fl. algo. Lorraine, les étangs de la Forêt de la Reine. Revue algo. 1 ; près Boucq (Meurthe-et-Moselle)
GUINOCHET, 1934 : Véget. alg. Dombes. BSBF 81; plancton du Marais des Echets (Ain)
LEFEVRE, 1936 : Phytoplancton étangs région Rambouillet (Yvelines) – Phytopl. qqs étangs W et C Fr. Mélanges dédiés Pr. L. Daniel ; étang de Paimpont, avec type et var. achondrum (Ille-et-Vilaine)
MANGUIN, 1935 : Catal. alg. eau douce canton Fresnay. Bull. Soc. Agri. Sc. Arts Sarthe 54 ; avec var. achondrum (Sarthe)
MANGUIN, 1936 : Flore alg. étangs des Rablais. Bull. Soc. Agri. Sc. Arts Sarthe 55 ; prairie submergée, benthos et tychoplancton, type et var. achondrum (limites Orne & Sarthe)
MARTIN, 1961 : Plancton Lac Léman (Haute Savoie … et Suisse)
MESSIKOMMER, 1957 : Beitrag zur Kenntniss der Algenflora der Dombes. Revue algo. ns 3 ; grand étang vers St-André-de-Bouchoux et étang vers Villars-le-Dombes, type & var. limneticum West = var. planctonicum Krieger & Gerloff (Ain)
PAUTOU & BAÏER, 1983 : ... étang marais Grand-Lemps ; maintenant RNN (Isère)
PITARD, 1897 : Qqs. notes florule pélagique lacs Alpes et Jura . Bull. Herbier Boissier - publication indisponible mais première citation de France
ROESCH, 1928 : Contrib. étude flore algo. région Vosges et territoire. Bull. Soc. Belfort. émulation 42 ; étang Poison à Ecromagny (Haute-Saône)
VILLERET, 1955 : Contrib. biol. alg. tourbières à sphaignes. Bull. Soc. Sc. Bretagne 29 ; étang du Moulin à Papier, Paimpont (Ille-et-Vilaine)
VILLERET & al. 1972 : Contrib. étude hydrobio. étangs de La Double (Dordogne)
WURTZ, 1945 : ... lacs tourbières Auvergne (Puy-de-Dôme) – 1947 : ... algues nouvelles étangs Brenne. BSBF 94 ; avec var. achondrum (Indre)

Ajoutons quelques publications supplémentaires :
P. FREMY, 1938 : Algues petite mare à utriculaires, Lande de Lessay. Bull. Soc. linn. Norm. sér 9-1 (Manche)
L. RALLET, 1936 : Etude phytogéo. Brenne. Thèse Univ. Poitiers ; 13 étangs cités ! (Indre) - L’algue était donc répandue en Brenne (Indre)

Données à partir de 2000 :

A. ADVOCAT, 2018 : Lac de Remoray (Jura)
Y. MANSION, 2019 : ancienne carrière granit à Lanhélin (Ille-et-Vilaine) voir ici le sujet : http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... um#p121024
Y. MANSION, 2023 : étang à Camon près Amiens (Somme) - voir ici : http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... 97#p144497

INPN-MNHN : ATBI-PNN Mercantour, données COUTE & PERRETTE, 2009 ; Lac Mouton à Tende (Alpes-Maritimes) pour var. achondrum & 2013 ; Lac de Beuil et zones humides de l’Estrop as Cosmarium baileyi (Alpes-Maritimes) - ; là, il ne s’agirait peut-être pas de la même espèce



Selon les bons auteurs, Cosmarium scenedesmus ou Cosmarium depressum est une algue des eaux mésotrophes. L’algue est assez commune dans les dépressions des tourbières légèrement acides ou proches de la neutralité, dans des eaux pauvres en nutriments.
En France l’espèce est observée depuis les plaines jusqu’à l’étage alpin. Elle peut être planctonique, benthique ou être observée dans le tychoplancton, parfois sphagnicole.

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