Le Naturaliste

Bonsoir,
Les microorganismes et les bactéries en particulier sont encore très mal perçus dans la population.
Concernant les champignons, la situation est meilleure. Puisque les carpophores se mangent, il existe de nombreuses associations d'amateurs très compétentes dédiées à leur identification. Ensuite, la conscience de l'importance des champignons mycorhiziens pour les végétaux commence aussi à se répandre dans les médias. Ceci à cause des intérêts agroalimentaires et grâce à quelques chercheurs enthousiastes et bons vulgarisateurs.

Par contre, la connaissance des bactéries convoyée par les médias est généralement très restreinte, se limitant le plus souvent à la peur des germes infectieux et de toutes les "saletés" qui pourraient bien en contenir. Les premiers bactériologistes ont montré l'origine bactérienne de maladies infectieuses, ceci expliquant cela. La propagation de peurs concernant des monstres invisibles étant très profitable, il se créa rapidement un business de produits "killer germs" et de l'hygiène à tous crins.

Si les bienfaits de l'hygiène ont permis de diminuer drastiquement le nombre d'infections, sa démesure est responsable de l'augmentation de maladies d'un autre ordre.

Nous savons aujourd'hui que nous baignons dans un monde bactérien. Les bactéries, présentes partout et en très grands nombres, sont indispensables à la vie des organismes supérieurs qui ont évolué de concert avec elles. De plus, elles participent aux cycles biogéochimiques.

Si l'écho du développement fulgurant des connaissances en écologie microbienne ne s'est pas encore frayé un chemin au sein de l'enseignement scolaire et des médias, l'importance des microbiotes pour notre santé est devenu un thème d'actualité. Malheureusement, les médias montrent les bactéries de manière abstraite à l'aide d'images PC bourrées de fausses couleurs.

Quand avez-vous vu pour la dernière fois des bactéries vivantes, sans couleurs artificielles dans une émission TV, comme je les présente dans mes vidéos ?

Ce phénomène engendre une perception déformée dans la population et peut décourager d'éventuels futurs étudiants.
De plus, les élèves des premiers cycles trouvent la bactériologie ennuyeuse, l'enseignement se résumant à des frottis, des colorations de Gram, de classiques isolations d'ADN, et quelques observations avec un mauvais microscope, ou pire,..un bon microscope mal réglé.

Bref, ce sont ces considérations qui m'ont poussé à publier cette vidéo et vous trouverez quelques références sur ce thème dans la description sur Youtube:

j'ai garni le berceau de mes petits enfants de ce genre de peluches
https://www.giantmicrobes.com/fr/

à 5 ans déjà, l'un d'eux insistait pour voir des microbes en vrai au microscope!

speculoos a écrit :à 5 ans déjà, l'un d'eux insistait pour voir des microbes en vrai au microscope!

Ben voilà, tout n'est pas encore perdu... !

tout n'est pas encore perdu

Sauf pour ceux qui ont pris l'habitude de prendre une douche chaque jour. Si leurs enfants les imitent...

Superbe série de séquences vidéo au microscope
et montage très pédagogique
Un grand Bravo.

Le problème de la présentation des bactéries pourrait se généraliser à toute les sciences à travers les médias:
Les modèles/visions issus des instruments scientifiques performants actuels comme le MEB sont tellement éloignés du monde usuel de Mr tout le monde que la science apparait vulgarisée comme quelque chose de magique, comme une sorte de conte de fées...

Sur le problème de l'hygiène, il y a me semble t il actuellement des visions concurrentes :
si l'hygiénisme forcené a prévalu durant le XXe siècle, actuellement, par exemple, le livre de MA. Selosse développe au contraire l'idée de microorganismes souvent utiles...

Merci Daniel, Yves,

Daniel a écrit :Sur le problème de l'hygiène, il y a me semble t il actuellement des visions concurrentes :
si l'hygiénisme forcené a prévalu durant le XXe siècle, actuellement, par exemple, le livre de MA. Selosse développe au contraire l'idée de microorganismes souvent utiles...

Oui, j'avais pensé à Selosse en écrivant ce message. Et l'importance des microbiotes sur la santé commence à filtrer dans la presse. Par exemple, le fait que le microbiote intestinal s'élabore très tôt et que les naissances par césarienne vont peupler l'intestin du bébé par des bactéries de la peau qui ne sont pas adaptées. Voir:
https://www.lemonde.fr/medecine/article ... 50718.html
Et les journalistes utiliseront toujours des images d'ordinateurs car ils sont incapables de trouver des image originales de photos au microscope qui seraient pourtant bien plus intéressantes. Le sujet est vaste...

Bonjour à tous !

Merci Bernard pour cette pédagogie utile et bien illustrée ! Je vais la diffuser autour de moi.


La véritable hygiène, c'est de se laver les mains avant de toucher la nourriture... et de désinfecter les trous que l'on peut se faire dans la peau.

Je sors d'un séjour forcé en maison de convalescence où j'ai pu constater sur plus de 150 pensionnaires nous n'étions au mieux que trois à nous laver les mains avant chaque repas... Pas étonnant que dans ces conditions que les troubles intestinaux prolifèrent...
A noter que la plupart de ces personnes ne peuvent concevoir de vivre sans prendre une douche au lever et souvent une autre au coucher... mais sont incapables de se laver les mains avant le repas... Chercher l'erreur !

L'hygiène a sauvé beaucoup de vie au début du XXème siècle avec des règles simples qui semblent avoir disparu du savoir collectif.
A la fin du XXème elle s'est transformée en produits de consommation du "je sens bon de partout" chimique.


Pour ma part, les bactéries sont mes copines depuis longtemps et puis j'ai appris par la phylogénie que j'étais moi-même un de leur descendant...

Bonjour Sylvain,
Dans les milieux hospitaliers et les cliniques de rééducation, il faut avoir beaucoup de chance pour passer à travers les maladies nosocomiales, les foyers de contamination sont très nombreux.
J'ai eu 2 infections nosocomiales différentes qui m'ont valu 3 semaines d'hospitalisation chacune avec des traitements antibiotiques et autres, quand je suis sorti, j'avais du mal à tenir debout, mes jambes étaient grosses comme mes bras de maintenant.
Ma 1ere infection m'a été transmis par une serviette qui m'a été mise sur le genou à la suite d'une séance de vélo en rééducation fonctionnelle, la 2eme à la plaie faite pour récupérer la veine de la jambe pour les pontages, je ne sais pas comment.
L'hygiène dans les locaux hospitaliers est bonne mais n'est pas parfaite, qui n'a pas vu du personnel hospitalier oublié de se laver les mains en arrivant ou en sortant de la chambre ne serait ce déjà que pour les repas et quelquefois par les soignants appeler précipitamment pendant les soins ?
Il faut avoir un peu de cul pour survivre quand on rentre dans les maladies graves, mais sans ses soins je ne vous parlerai pas maintenant, je serai entre 4 planches.
Cordialement
Claude

Bonjour Sylvain, Claude,
Merci pour vos témoignages qui soutiennent tout-à-fait mon propos.
La microbiologie "pratique" et l'hygiène bien comprise devraient être des sujets d'enseignement dès le cursus scolaire.
Les connaissances théoriques amenées uniquement lors des formations de personnels hospitaliers ne suffisent pas, car ces connaissances restent abstraites, et les patients devraient d'ailleurs aussi posséder ces connaissances. Ces domaines sont négligés des médias et de l'enseignement.
J'ai longtemps enseigné l'hygiène et la biosécurité aux employés qui travaillaient avec des microorganismes et j'ai très tôt réalisé que d'amener des données théoriques -par ex: il faut faire comme-ceci, comme-cela, et suivre le protocole - était juste de l'ennui et même contre-productif. Les expériences concrètes étaient par contre très appréciées.

Voici un exemple dont je me servais... il y a déjà plus de 10 ans... pour montrer comment les germes se propagent par contact.
Il s'agit d'un appartement avec quelques étudiants colocataires. La poignée de la porte du salon fut contaminée avec un virus inoffensif et les virus furent quantifiés en différents endroits de l'appartement après 6 heures, les étudiants ayant vaqués à leur occupations habituelles. Les nombres de virus retrouvés sont donnés en log: 10¹ = 10, 10² = 100, 10³= 1000 Les virus étant beaucoup petits que les bactéries, ils seront moins facilement éliminés mécaniquement par les lavages des mains.
Pour cette expérience, le doigt d'un volontaire fut contaminé, il se lave les mains rapidement et touche le doigt d'une deuxième personne, et ainsi de suite. Nous retrouvons 10 virus sur le doigt de la 6ème personne. Pourquoi ? le même morceau se savon fut utilisé par toutes les personnes: L'expérience suivante montre que la 14ème personne ayant utilisé une poignée de porte préalablement contaminée emporte un centaine de virus: Je vous promets que montrer ce type d'expérience est très efficace et que les employés/étudiants s'en souviennent.