Le Naturaliste

Bonjour à tous !

Cela fait des semaines à présent, que je surveille la floraison des Baccharis halimifolia, que je n’ai jamais observé qu’en fruits. Le premier septembre, hier, j’y suis retourné, en vain.
Au pieds des buissons, affleure l’eau d’écoulement de la centrale d’épuration de Port-Leucate, sous la forme d’une flaque irisée de 2 m², dans laquelle j’ai fait un prélèvement, m’attendant à trouver au mieux, une flopée de Cyanobactéries. Si j’ai pu en dénombrer au moins 5 espèces à ma grande surprise, il y avait aussi d’autres organismes, dont des Diatomées.
Cet affleurement d’eau, n’existe qu’en été, lorsque les touristes sont si nombreux que le trop-plein de la centrale d’épuration se déverse dans le port. C’est une bonne nouvelle pour la biodiversité locale qui profite de ce point d’eau qui bientôt disparaitra.

Prélèvement du 1er septembre 2023, dans le trop-plein de la centrale d’épuration de Port-Leucate, au sud de la zone naturiste.
Je vous présente cette drôle de Diatomée à ailettes, suivie d’une forme qui me semble proche phylogénétiquement.

Zédification de 4 mages : Zédification de 6 mages : La seconde espèce à ailettes (aucune Zédification) :

Bonjour @ tous et au Bestiolomane en particulier :


J'augurerai bien pour des diatomées d'eau saumâtre

La première est du genre Entomoneis, vue connective. L'allure est typique et compte tenu de la taille (120 μ environ) et du nombre de stries transversales pour 10 μ (15 environ - comptage "à la louche" sur tes clichés), ça serait une Entomoneis alata, alias Emphiprora alata que ça ne m'étonnerait guère ! Un comptage précis des stries aurait été bien...

La seconde (3ème cliché et suiv.) est aussi en vue connective (ou cingulaire, c'est pareil). Or, cette vue est très piégeuse et ne suffit pas pour identifier à coup sûr (Les vues valvaires sont beaucoup plus "parlantes" ) : Peut-être ici Plagiotropis lepidoptera ? Voir notamment Loir : http://www.diatomloir.eu/Site%20Diatom/ ... omsix.html.

Bonjour Sylvain
Il s'agit d'Amphiprora alata ou Entomoneis alata suivant le nom retenu pour la première.


La seconde semble être une Plagiotropis lepidoptera

Ce sont en principe des espèces d'eaux salées ou saumâtres. mais ont été observées dans des eaux douces ( Germain citant Patrick & Reimer)

Mon message se superpose à celui de Jean Louis....

Merci à tous deux pour ces déterminations concordantes !

Un mot du milieu.
Nous sommes dans le lido sableux entre mer et lagune.
Nous sommes à une cinquantaine de mètres du port lui-même (eau marine). Cette ravine d'écoulement des eaux douces provenant de la centrale d'épuration située à une centaine de mètres, coté lagune, est attestée par les phragmites qui y poussent, jusqu'au bord du port.

Les échanges entre l'eau de mer et l'eau douce à l'intérieur des sables dunaire des lidos, est chose complexe. En principe, l'eau douce de la pluie, forme une lentille au-dessus de l'eau de mer sous-jacente.

Là nous sommes dans un autre cas de figure, ou l'eau douce chaude s'écoule au travers du sable (principe de filtration retenu pour la construction de cette centrale d'épuration).
La stratification de l'eau dépend à la fois de sa densité en sels, mais aussi de sa température.

De plus les variations du niveau marin, dépendent ici non seulement des marées, mais surtout des vents. Les vents d'Est (marin) font monter le niveau de la mer de plusieurs décimètres (jusqu'à plus d'un mètre parfois), tandis que les vent d'ouest (Cers, Tramontane), font baisser nettement le niveau.

C'est dans ce contexte mouvant que ce trouve cette flaque. Pas étonnant qu'il y ait mélange et que l'on puisse qualifier de saumâtres l'eau qui s'y trouve.


Par contre je suis paumé avec les vues valvaires et connectives. Päule a posté une Plagiotropis lepidoptera avec une vue où je ne reconnais pas la mienne...

Re

J'oubliais : 11 stries pour 10 µm pour Entomoneis alata

Bonjour Sylvain,

1) Pour faire simple et fastoche : les diatomées sont en général gaulées comme des boîtes à cabembert (ou, pour les plus élégants comme des boîtes de gants ) plus ou moins allongées (genre Caprice des Dieux ...). Quand tu regardes la boîte par le dessus (là où il y a l'étiquette, tu vois donc une ellipse plus ou moins allongée), tu es en vue valvaire , et quand tu regardes la boîte par la tranche (tu vois alors en 2D un rectangle) tu es en vue connective ou cingulaire. Pour une même boîte tu as donc deux vues totalement différentes.
Ceci explique pourquoi l'image de Paüle (en vue presque valvaire) ne correspond pas du tout à tes clichés qui, eux sont en vue connective.....
Capiche ?

2) 11 stries/10 μ c'est pô beaucoup pour E. alata, on devrait être entre 14 à 19 normalement...mais bon...

3) En bord de mer trouver des diatomées marines dans de l'eau réputée douce est fréquent : il faut avoir à l'esprit que les embruns emportés par le vent peuvent transporter - gratuitement ! - leur lot de diatomées dont certaines supportent allègrement une salinité réduite

Merci de ces explications Jean-Louis !

Je suis surpris que la bestiole rampe ainsi sur la tranche, "la vue connective". (le troisième cliché, montre un un individu qui est passé sous la cyanobactérie en la soulevant)

Intuitivement j'aurai pensé que c'est la plus grande surface (vue valvaire) qui était confortable pour le déplacement...


En plus, celle de Päule montre des stries que je n'ai pas vue sur la mienne, mème sur la coquille vide regardée attentivement...

@ Sylvain :

1) tu dis : "j'aurai pensé que c'est la grande surface qui était confortable pour le déplacement" : c'est bien connu, dans les grandes surfaces on favorise au max les déplacements
Plus sérieusement, de ce que je sais, les mécanismes de déplacement des diatomées ne sont pas encore très bien documentés... On invoque un mucus produit au niveau des raphées (fente longitudinale sur le dessus et le dessous de la cellule qui permettent des échanges entre la cellule et l'extérieur)... Mais on voit beaucoup de diatomées en vue connective en plein mouvement et sans support apparent sur lesquels la face ventrale ou dorsale de la cellule pourrait s'appuyer : ta question est donc pertinente

2) tu dis itou : "celle de Päule montre des stries que je n'ai pas vue sur la mienne". Certes ! Mais la striation chez Plagiotropis lepidoptera est vachement fine (de 16 à 22 pour 10μ), on peut donc facilement ne pas la voir (il faut vraiment des montages idoines et une résolution d'image maximale pour les discerner ... et les compter).