Staurastrum : coup double !

[Jynx44]

Bonjour à tous,

Le petit étang que je prospecte actuellement, commune de Brézéan, Loire Atlantique, m’a réservé quelques bonnes surprises !
Ici, sur la même lame, et côte à côte, deux Straurastrum distinctes, avec la particularité d’être bi-radiées toutes les deux! (Sauf erreur bien entendu… mais j’ai eu beau titiller ma préparation extemporanée pour faire bouger les algues, je n’ai pas pu mettre en évidence de 3ème bras aux demi-cellules - ni non plus d’ailleurs obtenir une vue apicale exploitable).

Staurastrum doublet.jpg (199.87 Kio) Vu 415 fois

Cela dit, quid des espèces ?

- Pour l’algue de droite : la cellule entière mesure 31,5 μ de long sur 33 de large avec les processus, et 14,2 x 7,3 sans. L’isthme mesure 4,5 μm. Les processus, bien denticulés, se terminent par deux robustes épines. Toutes ces caractéristiques sont en faveur de Staurastrum blocklandiae Coesel & Jossten, 1996. (cf. http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... ae#p148289)

-L’algue de gauche diffère de celle de droite essentiellement par ses bras un peu plus longs, et terminés par de minuscules épines quasi invisibles. La cellule mesure 31,5 x 33 μm avec ses processus et 14,2 x 7,3 sans. L’isthme mesure 4,5 μm. Là je bute sur l’identification : sauf des airs de ressemblance avec Staurastrum hollandicum Coesel & Joosten 1996...serait-ce possible ? Je vous le demande ami.e.s alguologues

[André]

Bonjour Jean-Louis

Avec ces épines particulièrement bien développées, S.blocklandiae est un bon candidat.

Celui de gauche est un peu plus difficile à appréhender :
Tu proposes S.hollandicum qui est une var.de S.levanderi.
Indiqué comme rare, il est intéressant de voir ce qu'il y a autour de lui : S.multinodulosum est nettement plus grand, S.chaetoceras présente une demi-cellule plutôt triangulaire et des sinus non noduleux bien qu'il en présente parfois.
Ici l'apex semble présenter 2 nodules que l'on ne retrouve pas vraiment chez S.chaetoceras.
Coesel donne les indications suivantes pour séparer S.levanderi de S.chaetoceras :
S.levanderi : processus très fins, avec extrémités larges d'environ 1µm et cellules munies d'épines : on voit ces épines chez Van geest : http://www.digicodes.info/Staurastrum_levanderi.html

S;chaetoceras : processus plus larges, 2µm aux extrémités, granules sur les cellules. Van Geest : http://www.digicodes.info/Staurastrum_chaetoceras.html

[YVES50]

Bonjour,
Bonne pioche que ce St. blocklandiae qui n'est pas franchement commun en France (+ une première pour le 44).
Le deuxième à gauche, je ne vois pas trop bien aussi...

[Jynx44]

Bonjour à tous,

@ André : merci pour ton expertise !

& @ Yves : je vous rejoins tous les deux sur le spécimen de gauche qui reste douteux... Néanmoins ma préférence va à S. levanderi., notamment à cause des bras distalement très fins avec des épines riquiquis. S. chaetoceras est présenté souvent avec des bras très longs par rapport au corps cellulaire.

Du coup ça m'amène à une question d'ordre plus général. Dans son bouquin sur les diatomées qui date déjà un peu, mais qui fait quand même référence (ie Flore des diatomées d'eaux douces et saumâtres), Henry Germain parle parfois de "forme de passage" quand une diatomée douteuse se positionne morphologiquement entre deux espèces bien identifiées... Je me demande donc si aujourd'hui : 1) cette notion de forme de passage est toujours pertinente (à cause du séquençage ARN etc.) , 2) si elle peut s'appliquer à d'autres types d'algues unicellulaires - comme par exemple les Staurastrum, les Closterium et autres micro-végétaux du même acabit ? . Ou encore, du point de vue de la systématique : les var. les for., ont-ils un sens, une pertinence réelle ?