Le Naturaliste

Bonjour à tous,

Bon, ben à mon tour de vous présenter mon premier lichen... Pas de bol (pour vous), c'est le même qu'ont déjà présenté Christian et Philippe! Coup de bol (pour moi), c'est le même qu'on déjà présenté Christian et Philippe.

J'ai trouvé ce lichen sur les branches d'un arbre mort sur les berges du canal du Loing entre Montcresson et Montbouy (Loiret).
01 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 in situ

De retour chez moi, je n'ai pas résisté au plaisir d'en faire quelques anaglyphes :
02 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Anaglyphe.
03 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Anaglyphe.
04 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Anaglyphe.

Je n'ai pas de loupe binoculaire. J'observe les détails à la loupe et je fais les photos en macro, avec bonnettes ou soufflet.

La face supérieure de ce lichen est lisse, plissée par endroits et porte des sorédies. Je n'ai pas trouvé d'apothécies.
05 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Vue générale d'un lobe, face supérieure.

Par endroits, les sorédies sont très abondantes :
06 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Face supérieure - Sorédies abondantes.

La face inférieure est brun clair et lisse à la périphérie, noire au centre. C'est dans la zone noire qu'on y trouve des rhizines.
07 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Face inférieure - Zone marginale.

Plus au centre, on n'y voit pas mieux les rhizines. Quelques fragments du substrat sont restés collés au lichen.
08 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Face inférieure - Zone centrale.

Un plus fort grossissement montre que les ébauches de rhizines se terminent toutes par une zone claire. La surface de la zone noire est finement granuleuse.
09 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Face inférieure - Détail des rhizines.

Le même grossissement montre la texture finement granuleuses des sorédies, ici à la marge des lobes mais j'en ai vu plus sur les lobes eux-mêmes. On retrouve des plis sur certains lobes.
10 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Face supérieure- Détail des sorédies.

Tests macrochimiques :
K + Jaune
C -
KC +/- Jaune
Médulle C- / K - / KC -
11 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 - Tests Macrochimiques.

J'ai déterminé ce lichen en utilisant les clés du SERUSIAUX.

Thalle foliacé.

1b : Thalle fixé au substrat par plusieurs points. --> 4
4b : Thalle d'une autre couleur (que jaune franc). --> 7
7b : Face inférieure du thalle glabre¹, lisse ou veinée, munie ou non de rhizines --> 11
11b : Pas d'hypothalle, pas de rosettes régulières --> 12
12b : Ben au départ, j'avais choisi 12 a : Face inférieure du thalle dépourvue de rhizines ou celles-ci très rares et peu visibles mais les deux options du N° 13 ne correspondaient pas (13a mon thalle n'est pas gélatineux et 13b mon thalle ne présente pas de céphalodies). Donc, par défaut, je suis revenu à 12 b : Face inférieure du thalle pourvue de rhizines au moins par endroits. Je suppose que c'est un thalle jeune et que c'est pour cela que je n'ai observé que des ébauches de rhizines. --> 23
23b : Face inférieure du thalle dépourvue de veines sur lesquelles sont localisées les rhizines. --> 24
24b : Thalle divisé en lobes larges ou en lobes étroits et alors à divisions nettement divergentes² --> 30
30b : Espèce épiphytique lignicole...--> 31
31a : Thalle adhérent plus ou moins uniformément au substrat sans lobes ascendants --> Parmelia

Ouf!!! Bon, pour le genre, je pense que c'est bon... Bon, d'accord, la détermination de Christian guidée par André m'a peut être un peu aidé...!!!
Bon, l'espèce maintenant...

1b : Thalle non brun --> 20
20b : Thalle dépourvu d'isidies et sorédié --> 26
26b : Thalle sorédié, apothécies absentes --> 30
30b : Médulle C- --> 35
35b : Espèce lignicole, soralies ne formant pas de petites masses régulières et bombées --> 37
37a : J'ai d'abord choisi 37b : Thalle gris-verdâtre, mais cela conduit à deux options qui ne correspondent pas (39a : Je n'ai pas de pseudocyphelles et 39b : la médulle est K-). C'est encore une fois par défaut que j'ai choisi cette option --> 38
38a : Soralies granuleuses assez grossières et médule K- --> Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986

OUF!!!

Quelques Synonymes (http://zipcodezoo.com/Fungi/F/Flavoparmelia_caperata/) :

Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986
Flavoparmelia caperata forma sorediosa (Müll. Arg.) S.Y. Kondr. 1993
Imbricaria caperata (L.) DC.
Lichen caperatus L.
Parmelia caperata (L.) Ach. 1803
Parmelia caperata forma saxicola Müll. Arg. 1862
Parmelia caperata forma sorediosa Müll. Arg. 1890
Parmotrema caperata (L.) M. Choisy 1952
Pseudoparmelia caperata (L.) Hale 1974

J'ai voulu essayer de faire quelques coupes. Après fixation d'un fragment de lobe une grosse dizaine de minutes par l'AFA puis rinçage à l'eau (trois fois), j'ai utilisé la méthode de Ralf d'imprégnation par une solution à 20 % de PEG. J'ai déposé sur une lame queques gouttes de cette solution, posé le fragment dessus puis recouvert de quelques gouttes de cette même solution.
Le lendemain, après évaporation de l'eau (à température ambiante), j'ai fait quelques coupes selon la technique d'André du Joyeux Hachis.
J'ai enlevé le PEG des coupes en les plongeant quelques minutes dans de l'eau très chaude (presque bouillante) plusieurs fois, en changeant l'eau à chaque fois.
Une fois le PEG complètement dissout, j'ai collé ces coupes avec de l'eau albuminée sur deux lames. Après séchage, j'ai monté l'une à la Glycérine Gélatinée et l'autre au Merkoglas³.
12 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 – Coupe transversale – Gélatine Glycérinée.
13 - Flavoparmelia caperata (L.) Hale 1986 – Coupe transversale – Merkoglas.


1 : C'est surtout cet aspect glabre qui m'a fait choisir le 7b.
2 : C'est ce critère de divergence des divisions des lobes qui m'a décidé.
3 : J'essaie en ce moment trois milieux de montage nouveaux pour moi, le Merkoglas, le Néo-Entellan et l'Histolaque. Je suis preneur de tous vos retours d'expérience à ce sujet!

Salut Bertrand, Philippe, tous,

Décidément, notre ami Flavoparmelia est fédérateur !

Bertrand, je trouve tes anaglyphes toujours aussi intéressants et bien ficelés ! C'est vraiment un gros plus !
... Comment, vous n'avez pas encore vos lunettes ?!
Il faudra aussi que tu nous présentes ton montage avec soufflet, superbes résultats.

Pour les coupes, un grand bravo, le "Joyeux Hachis" n'étant pas si facile que ça !
Je vois que ton imprégnation de PEG t'as évité aussi ces satanées bulles d'air !
As-tu fait des détails au x40 ?


Pour la chimie, étrange tout de même ces réactions différentes avec la potasse … André nous donnait une explication mais je trouve aussi que lorsqu'il y a une coloration très faible (ce qui semble être le cas de ton sp) c'est assez subjectif …
Sinon pour la clé de Sérusiaux, ça va ? tu n'as pas fini la tête complètement HS comme moi ?

J'essaie en ce moment trois milieux de montage nouveaux pour moi, le Merkoglas, le Néo-Entellan et l'Histolaque. Je suis preneur de tous vos retours d'expérience à ce sujet!

Perso je suis un fan du baume du Canada, pour moi ça reste le must ! (je remplace le xylène par du toluène et l'alcool absolu par de l'isopropanol, ça fonctionne très bien)
Le BC supporte des coupes un peu épaisses et SURTOUT, il te bouffe toutes les petites bulles d'air !
Klaus m'a passé de l'Euparal qui me semble un excellent compromis, plus simple d'emploi car sans étape toluène. Il va falloir que je m'y lance aussi pour voir ...

L'Entellan * : Franchement j'aime pas du tout … d'énormes rétractions du médium se produisent dans le temps et tu te retrouves avec une préparation tout ce qu'il y a de moins définitive …
J'ai du Merkoglas mais je ne l'ai jamais utilisé donc je ne peux rien en dire. Je crois que c'est surtout utilisé pour les frottis (?), sans lamelle …

* Entellan = Numount chez Brunel si je ne me trompe pas.

Ma vision de la chose : Quitte à passer beaucoup de temps sur une préparation et faire du (vrai) définitif (on est pas des laborantins payés par X), autant mettre toutes les chances de notre côté !! (cf les préparations de Dominique Prades !)

Pour les lichens en ce moment, j'utilise du chloral lactophénol (sans fixation au préalable), c'est pas définitif du tout mais avec un lutage tu peux observer plusieurs jours sans problème, voir plusieurs semaines ... avantage, il est 100% compatible avec les produits aqueux et regonfle un peu les échantillons secs.
Pour info indice de réfraction = 1,49, voir aussi http://www.champignons-passion.be/Chlor ... phenol.htm

Bonjour à tous, Bertrand ,Chris

Si avec ce travail là , tous les membres du Naturaliste ne se mettent pas aux lichens....c'est à n'y plus rien comprendre!!

Bertrand: tu as fait le test KC sur le thalle il me semble, or il est à faire sur la médulle !

Bonjour à tous,

André, j'ai fait le tes KC sur le thalle (photo) mais aussi sur la médulle (pas de photo et même sur des sorédies. Sur la médulle, il est systématiquement négatif (je l'ai fait en 3 endroits différents) et sur les sorédies, il est jaune, comme sur le thalle.

Chris, Voilà le soufflet en action :
En général, j'utilise plutôt un 50 mm (en fait, mon zoom 24 - 50 mm) monté dessus mais avec le soufflet en extension totale (tirage = 200 mm) j'ai préféré utiliser mon autre zoom (75-300mm) en position 100 mm pour avoir une distance objet-lentille frontale un peu plus grande (cf photo suivante).
Oui Chris, la clé de Sérusiaux est un vrai casse tête!!! J'avoue que j'ai eu bien du mal, Au delà du vocabulaire technique, j'ai eu du mal avec les couleurs et les rhizines qui sur ce lichen ne sont pas évidentes...

Pour les réactions macrochimiques, je me demande si les différences constatées (je pense surtout à KC négatif sur la médulle chez nos deux échantillons) avec ce qui est annoncé dans les livres n'indiqueraient pas que nos échantillons sont de jeunes lichens dont la médulle n'aurait pas encore commencé à produire les composés qui réagissent avec KC? Bon, c'est juste une réflexion de néophyte. Qu'en disent les spécialistes?

Je commence à peine à détailler les différents éléments du lichen au dessus de Obj. x 10. J'ai constaté comme toi les renflements terminaux dans la médulle :


Merci pour tes infos sur les milieux de montage.

Bonjour Bertrand,
Belle description de ce lichen. Etant donné que je débute dans le domaine, j'aimerais savoir ce qu'est exactement la clé de Sérusiaux et où pourrais l'obtenir ?
Une question peut-être un bizarre quels sont les critères essentiels pour décrire au mieux un lichen, une fleur etc etc ?
Merci pour ces informations
Philippe

Bonjour à tous,

Philippe, tu peux télécharger librement le Sérusiaux (ou commander sa version papier) ici : http://www.mnhn.lu/recherche/ferrantia/ ... .asp?ID=41

Pour, le reste, débutant moi-même, je laisserai les plus expérimentés te répondre.

Re Bertrand et tous,

Bigre, sacré tirage le montage soufflet !

Autrement, je me demandais (dans mon sujet Parmelia) s'il n'était pas préférable de faire des dilacérations pour l'étude de la médulle ... Est-ce cette méthode que tu as utilisée pour ta dernière image ?
Comment obtenir des hyphes pas trop superposées ? Il me semble avoir lu, je crois chez Marcel, que la potasse aide ces manipulations ?

Philippe,
André, Ralf, Nino, Marcel, Patrice, ... , répondrons mieux que moi (qui suis aussi débutant en lichenologie) mais tiré de ce lien => http://www2.ac-lille.fr/lichen/Page_41.htm voici les critères d'observation (et de description) pour les macro lichens :

- Le type de thalle : caractère qui permet de placer le lichen dans l'un des 7 types morphologiques suivants : lépreux, crustacés, squamuleux, foliacé, fruticuleux, composite ou gélatineux.
- La couleur du thalle : jaune, orangé, vert, vert-bleu, brun...
- La forme, la couleur et la localisation des divers organes portés par le thalle : organes non reproducteurs (poils, cils, fibrilles, rhizines, papilles, pseudocyphelles...) ou reproducteurs (soralies, isidies, apothécies ou périthèces).

- Les caractères microscopiques de l'appareil reproducteur : apothécies (lécidéine, lécanorine, lirelline...), périthèces, asques, paraphyses, spores. C'est surtout la spore qui peut être observée lors de séances d'initiation, il faut noter sa couleur (brune ou incolore), sa forme (sphérique, ovoïde, fusiforme, aciculaire...), sa septation (nombre et disposition des cloisons), son ornementation (présence de verrues...), sa guttulation (présence de petites gouttelettes de graisse dans le cytoplasme) et ses dimensions si l'on dispose d'un micromètre oculaire.

J'ajouterais aussi la description du biotope et du substrat.
Au niveau microscopique, on remarque que la mycologie a une place très importante, peut-être plus que l'algologie ... ??

Tu peux aussi t'aider avec les lexiques et liens publiés ici : http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... 225&t=3122 (en construction ...)

Bonjour à tous,

Non CHris, la dernière image ne provient pas d'une dilacération mais d'une coupe ratée...

J'ai fait un essai de dilacération depuis ton message.

J'ai plongé une coupe dans de la potasse caustique à 10 % pendant 5 bonnes minutes, en chauffant légèrement sur une petite lampe de 30 W.

Après rinçage à l'eau, j'ai dilacéré dans du liquide glycériné par écrasement entre lame et lamelle.

Voici les résultats :