Le Naturaliste

Bonjour à tous et à Christian,

dans ton sujet : http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... 108&t=4180
tu dis à propos de cette chenille qu'"on devrait la manipuler sans risque".
Je n'ai pas la réponse, mais as-tu essayé de faire comme J.H Fabre, qui, non content de tester l'inocuité (ou pas) des chenilles sur lui-même, faisait tester par son (ses?) enfant(s) ?
Personnellement,ça me semble un bon moyen de dégoûter à vie ses enfants de l'entomologie, malgré toute l'admiration que je porte à ce grand observateur...


P.S. j'ai dû raccourcir le titre de ton sujet car la place réservée au titre est comptée...

Bonjour Jean,

Mes enfants sont (en général) très prudents avec ce qu'ils ne connaissent pas dans la nature (10 et 13 ans).
Mon fils n'a donc pas touché cette chenille (il faut dire qu'elle est impressionnante !) et moi non plus avant de savoir à quoi j'avais à faire.
Faire tester des urticants par ses enfants a peut-être été une démarche scientifique critiquable de Fabre, il faut aussi se remettre dans l'époque, il y avait tout à découvrir et démontrer (!) Mais j'en arriverai pas là, rassure-toi, d'ailleurs ce serait bien inutile en 2009 car il y a certainement de meilleurs protocoles !
Fabre, que j'admire sous plusieurs aspects, aurait pu aussi employer d'autres méthodes, bien sûr.
Mais une chose semble bien transparaitre dans ses textes, il aimait et partageait beaucoup avec son petit Paul !
Maintenant est-ce bien ou pas ? A chacun de juger selon sa sensibilité.

Extrait de Fabre où l'on parle de Chelonia Caja :

… Beaucoup de chenilles, toutes fort inoffensives, sont hérissées d'une toison qui, vue au microscope, se résout en javelots barbelés, très bénins sous un aspect menaçant. Citons une paire d'exemples de ces pacifiques hallebardières.
Au début du printemps, à travers les sentiers, se voit cheminer âprement une chenille qui inspire répugnance par sa farouche pilosité, onduleuse ainsi qu'une moisson. Les anciens naturalistes, dans leur nomenclature naïve et imagée, l'ont appelée la Hérissonne. Dénomination digne de la bête, qui, au moment du danger, s'enroule sur elle-même et fait le hérisson, présentant de tous côtés à l'ennemi son armure épineuse. Sur le dos, épais mélange de poils noirs et d'autres cendrés ; sur les flancs et en avant, hispide crinière d'un roux vif. Noire, cendrée ou rousse, tout cette sauvage chevelure est fortement barbelée.
On hésite à toucher cette horreur du bout des doigts. Et cependant, encouragé par mon exemple, petit Paul, avec son tendre épiderme de sept ans, récolte à pleines mains la répugnante chenille sans plus d'appréhension que s'il cueillait un bouquet de violettes. Il en remplit ses boîtes ; il l'élève avec le feuillage de l'orme, journellement la manie, car il sait que l'affreuse bête d'aujourd'hui lui donnera un papillon superbe (Chelonia Caja Lin.), habillé de velours écarlate, avec les ailes inférieures rouges, les supérieures blanches, semées de taches marron.
Que résulte-t-il de cette intimité de l'enfant avec la bête velue ? Pas même un semblant de démangeaison sur le délicat épiderme. Je ne parle pas du mien, tanné par les ans.

=> Texte complet : http://www.e-fabre.com/e-texts/souvenir ... cation.htm

...je vois que nous avons les mêmes saines lectures
Je n'osais pas dire "son fils" car ma dernière re-lecture des "souvenirs entomologiques" remonte à au moins dix ans et je sais que parfois toute sa famille était mise à contribution.
Mais il me semblait bien que c'était le fils (Paul, donc) qui l'accompagnait habituellement car il était passionné, et qu'avec l'âge et la presbytie qui lui est associée, ce fils lui servait aussi d'"yeux supplémentaires".
Mais c'était comme tu le dis une autre époque... et lui-même était toujours le premier cobaye de ses expériences.
En tous cas, ses "souvenirs entomologiques" sont et resteront une de mes lectures préférées.

Petit rectificatif (ce n'est peut-être pas un hasard si je m'appelle Jean moi aussi ) : c'est J.H FaBre et non FaVre

Re Jean,

Désolé, je suis entouré de Favre et ce nom me colle à la langue !
Rendons à Jean-Henri son nom sans écorchure, j'ai corrigé mon texte.
Autrement, oui c'est des "saines" lectures mais à remettre dans un contexte et une époque, du moins pour la part scientifique
Son talent littéraire et son amour de la nature pouvant sans autres traverser les ages !

Bonsoir à tous

Un simple rappel sur un sujet où il est aussi question de poils urticants...."Moulis"qui n'a pas eu peur de les manipuler ... nous offre ces poils au microscope ((comme le propose Fabre ) .....voir http://www.lenaturaliste.net/forum/viewtopic.php?t=937

Bon rappel André !
Pour ma part j'ai oublié de couper quelques poils à mon bombyx ... Ce sera pour la prochaine fois.
J'en profite pour vous citer cette anecdote d'entomologiste (anneau du diable d'André Lequet) : http://insectes-net.fr/historiettes/insectes/anneau.htm