Le Naturaliste

Bonjour le forum,

Voici un cliché d'une moisissure apparue sur un morceau de pain. Ça arrive fréquemment quand on utilise une machine à pain et que l'on range son pain dans un torchon alors que la base est encore un peu trop humide.

Comme je n'ai pas l'habitude d'observer des moisissures, j'ai utilisé la manière habituelle de procéder pour des champignons (je ferai quelques essais au scotch plus tard). Je colore un morceau de pain contaminé (ici avec du bleu lactique) puis j'en prélève un fragment que je monte dans le chloral lactophénol.
Un autre cliché dans le même genre :
et les conidies :
J'espère en faire d'autres avant d'abandonner le morceau aux oiseaux.

Cordialement,
Eddy

Excellent Eddy!

j´ai une question de ta préparation. Tu a pris un morceau du pain contaminé et le mis en bleu de lactophenole? Comment tu a isolé la moissure sans pain?

Bonsoir Klaus,

Merci pour ton message. Comme je n'ai pas l'habitude d'observer des moisissures, j'ai repris et adapté le même protocole que celui que j'utilise pour les champignons. Voici donc :

1 - Prélever un petit morceau de pain contaminé avec une pince (quelques millimètres, un peu comme une miette)
2 - Tremper dans le bleu lactique pendant au moins 2-3 minutes.
3 - Fragmenter le morceau de pain imbibé de bleu avec la pince, en prélever un petit morceau, enlever l'excédent de colorant par trempage dans l'eau, puis monter entre lame et lamelle.
4 - Désorganiser les zones épaisses par percussion sur la lamelle avec un objet obtus (une gomme par exemple, ou le dos d'un stylo à bille), comme pour les tissus de champignons.
5 - C'est prêt, à table bonne observation !

Sur la deuxième photo, tu peux voir qu'il reste de tout petits morceaux qui se promènent dans le milieu de montage (peut-être de l'amidon, mais pas sûr). Mais ainsi on évite d'avoir des zones épaisses et donc quasi illisibles. Par contre, il y a peut-être une structure intéressante pour mille conidies... la méthode au scotch offre un meilleur rendement. Mais ça, je l'ai appris plus tard.

Cordialement,
Eddy

Excellentes images, Eddy ! bravo ... et aussi, bonne méthode de travail !
L'avantage de travailler avec du papier collant est de fixer les conidies autour du conidiophore.
Voici 2 images réalisées avec cette technique (images en DIC).
M

Bonjour à tous,
Puisque l'usage du papier collant semble bien adapté à ces prélèvements, mais n'est pas d'une transparence parfaite … Ne serait-il pas possible de faire un étalement mince d'un médium sur une lame, le faire commencer à sécher (et donc coller) puis de placer la lame ainsi préparée sur les moisissures pour y prélever conidies et conidiophores sans trop les déplacer ?
D'ailleurs, cela pourrait être aussi réalisé sur une lamelle plutôt qu'une lame, ce serait plus pratique pour certains prélèvements (cultures) et probablement plus efficace en résolution.

Bon, les colorations seraient plus difficiles voir impossibles, mais avec les éclairages obliques * ou les contrastes interférenciels (et même les z-ifications ou "stacking" en anglais ), nous pourrions peut-être obtenir un résultat intéressant ?
Si mon idée (qui a probablement déjà été proposée ? ) est stupide, n'hésitez pas à le dire

* éclairage oblique de moisissures, par exemple http://www.lenaturaliste.net/forum/view ... =41&t=2994

Bonjour le forum,

Merci pour ton message, Marcel. La technique du papier collant présente l'avantage d'immobiliser les conidiophores dans une position convenable pour l'observation et la photo, ce qui simplifie grandement la tâche : avec le protocole que j'ai décrit précédemment, quand on utilise un objectif à immersion, le moindre changement de mise au point crée de puissants tourbillons. Pas facile pour les photos.

Actuellement je n'ai plus de matériel pour continuer les essais, mais j'ai bien envie de tester une méthode qui ressemble beaucoup à ce que propose Christian : déposer de l'huile à immersion épaissie (donc plutôt visqueuse et collante) sur une lamelle, l'appliquer sur la zone moisie pour récupérer des conidiophores, puis la déposer sur lame. L'huile devrait jouer un rôle similaire au papier collant, sans l'effet indésirable sur la luminosité.

Pour répondre à Christian, je crois quand même qu'on doit pouvoir colorer malgré tout. J'imagine, par exemple, colorer le bout de pain avant d'appliquer la surface huilée collante dessus. Bon, je n'ai aucune idée du résultat final. La prochaine fois que quelque chose moisit, j'essaie.

Cordialement,
Eddy

Bonjour
La méthode du scotch est très satisfaisante surtout pour un prélèvement mural urgent. Il me semble que la culture directement sur lames reste la meilleure méthode et juste collé à l’aide d’alcool. Mais ça c’est comme les acariens sans essais préalable, on à peu de chance de réussir. Marcel devrait nous donner une très bonne méthode pour la microscopie de ces moisissures

Jlouis

Bonjour.
Quand j'étais plus jeune, j'étudiais le développement des bactéries à la surface des épidermes de plante.
J'avais mis au point une technique très fine permettant d'avoir un "moulage" de la surface de la feuille et en même temps de décoller les bactéries épiphytes.
J'utilisais du vernis nitrocellulosique (en fait un enduit de tension utilisé sur le papier japon qui habille les modèles réduits d'avion en balsa).
J'en déposais une fine couche au pinceau sur la feuille et après sèchage (très rapide), je décollais la pellicule à l'aide d'un morceau de ruban adhésif (c'est le moment le plus coton).
Cela donnait des images très fines et plus facilement utilisable en immuno-fluorescence.
Amitiés. Bernard

Bonjour Bernard,

... je décollais la pellicule à l'aide d'un morceau de ruban adhésif

Excellent, un genre de "First contact" revisité en sommes

Je tâcherai de faire aussi des essais de mon côté (en étalant un médium sur lamelle, peut-être de l'Entellan car il sèche assez vite ...)
J'ai mis un morceau de pain de mie blanc et industriel à moisir, dans une b. de pétri fermée et humide, on verra bien. Le seul truc c'est que je risque d'obtenir Rhizopus nigricans qui sera moins intéressant pour cette expérience ...

Bonsoir,
Il me semble avoir lu quelque part que les anciens utilisaient la gomme arabique pour fixer les petits objets sur les lamelles soit pour les arranger dans un certain ordre soit justement pour conserver la disposition initiale.
Il faut que je recherche.
Cordialement
Claude