Je reviens sur cette population d'Ophrys.
Cette année, en 2015, la floraison a été bien plus avancée, commençant le 20 mars
Entre temps, on m'a signalé d'autres espèces de la mouvance
sphegodes en Ardèche (=sectio araniferae ).
Cette population correspond à ce qui est appelé par les botanistes locaux
Ophrys occidentalis Demange&Scappatici 2005
( =
Ophrys exaltata ssp. marzuola Geniez, Melki et Soca 2002)
(voir l'ouvrage de la SFORA "...Orchidées sauvages de Rhone-alpes" chez Biotope éditions )

- O_occidentalisRetFredR.jpg (80.57 Kio) Vu 3860 fois
Les fleurs ont une taille de labelle moyenne, de l'ordre de 10mm, intermédiaire entre celles d'
Ophrys araneola et celles d'
Ophrys sphegodes.
Le liseré jaune du labelle est assez souvent présent, mais réduit, limité à un mince liseré.
La date de floraison est très précoce (dès la fin février en vallée du Rhone d'après les auteurs ).
Les pétales sont verts et relativement étroits.
LA date de floraison précoce est avec la taille du labelle, finalement le critère le plus efficace avec une succession signalée en vallée du Rhone:
O. occidentalis dès février, puis
O. araneola en mars avril, puis
O. sphegodes= O .aranifera à partir d'avril.
Mais il peut y avoir chevauchement en avril!
Et plus au nord, la succession classique est
O. araneola dès début mars en Alsace dans les collines sous vosgiennes, bien avant
sphegodes en avril (et d'ailleurs très rare dans l'est ou
araneola est plus présent).
Géographiquement aussi, il y a des chevauchements et il sera difficile de faire passer les populations dans des sous espèces géographiques homogènes:
O. occidentalis semble bien implanté en vallée du Rhone, Drome et Ardèche ou il a été décrit.
O. araneola est dans toute la France, mais plus rare au nord. Et
O. sphegodes est semble t il plus représenté dans l'ouest de la France.
Je me suis amusé à tester les clefs de quelques flores sur cette population:
- Fournier (flore de 1946) ne permet d'arriver qu'à l'équivalent de la section O. araneifera Hudson
Je me demande s'il ne serait pas plus raisonnable de le suivre tout en acceptant les analyses morphologiques postérieures plus poussées avec le rang de sous espèces?
(Fournier mentionnait
O.litigiosa Camus en sous -espèce )
- Guinochet (flore du CNRS en 1978) avait cette position: sa clef aboutit dans un premier temps à
O.sphecodes Mill (=
O.arannifera Huds ) mais se poursuit avec 4 sous espèces parmi lesquelles on hésite entre ssp
provincialis Nelson ou ssp
litigiosa (Camus) Becherer
- Avec la "flore de la France méditerranéenne continentale" parue en 2014 et ou les Ophrys sont traités par JM. Tison et E.Vela, on arrive à
O. aranifera Huds (=O; sphecodes auct.) . Cette station est à la limite de la dition de cette flore, mais je pense que cela n'intervient pas. Le nom d'
O. virescens M.Philippe est retenu pour l'espèce de la section aranifera à petit labelle (=
O.litigiosa Camus =
O. araneola auct. )
Je suis heureux de voir un auteur qui fait un essai de synthèse après l'analyse poussée des orchidophiles et qui regroupe quelques taxons!
- Dans "Flora gallica" à peine postérieure en 2014, chez biotope éditions, JM. Tison est un peu plus éclateur. Sa clef ajoute quelques caractères, mais les choix sont parfois ambigus car à plusieurs combinaisons de caractères avec des caractères communs à plusieurs choix.
Toutefois avec le caractère "gynostème à angle aigu avec le labelle" , on arrive aussi à
0. exaltata Ten qui inclut
O. occidentalis )
(mais le caractère "cavité stigmatique moins de 2 fois aussi large que haute" pose problème!)
Cette comparaison de flores montre que les limites entre espèces ne sont pas bien délimitées en botanique dans certains genres et on comprend la difficulté de débutants qui entendent une multitude de noms différents alors que souvent il y a synonymie et chevauchement entre ces taxons...
D'autres botanistes ont tenté d'éclaircir ce problème, voyez sur le net:
cet
article de lot nature
ou cet autre de
"orchidées du languedoc"