Le Naturaliste

Bonjour le forum,

Je vous propose de continuer les randonnées naturalistes dans le Mercantour en vous présentant cette fois-ci le lac Long, toujours dans la vallée de la Gordolasque. Contrairement au lac Autier, dont je vous parlais dans ce fil, il s'agit d'une randonnée plutôt sportive : 1000 m de dénivelée, environ 7 h de marche aller-retour, et un chemin pas toujours facile. Cependant, le jeu en vaut la chandelle : pour beaucoup, le lac Long est l'un des plus beaux lacs du Mercantour. Rien que ça !

Le départ est le même que pour le lac Autier, du pont du Countet (altitude 1700 m). On emprunte ensuite le chemin qui mène au fond de la vallée puis, au lieu de partir à droite vers le vallon de l'Autier, on continue tout droit pour gravir une barre rocheuse assez imposante. La montée est facile depuis que le chemin a été arrangé, et l'on peut y faire de premières observations naturalistes. Beaucoup d'espèces sont identiques à celles du lac Autier, et ne sont donc pas reprises ici. En revanche, fait nouveau, on rencontre des aconit napel ou casques de Jupiter.
La première montée se termine par l'arrivée au mur des Italiens (altitude 2000m), une ancienne fortification en pierre.
Plus qu'un petit effort et on y est (mais on est pas encore arrivés, loin s'en faut...) :
On débouche ensuite sur un vallon en pente douce où les naturalistes font leurs observations les plus intéressantes. Entre autres, je pense à l'emblématique lis martagon.
(la suite au prochain message)

Dans la montée, on trouve aussi beaucoup d'espèces déjà présentées précédemment (œillets, raiponces, arnica, etc.), ainsi qu'une deuxième espèce de joubarbe, la joubarbe des montagnes, assez différente de la joubarbe toile d'araignée présentée précédemment :
On arrive ensuite sur une sorte de plateau où poussaient avant des linaigrettes. Pour protéger le site, le Parc avait aménagé un pont au-dessus de la tourbières. Aujourd'hui, ce pont a été remplacé par un chemin de pierres et cinq ou six chevaux ont été amenés sur site sous prétexte qu'ils « plaisent aux randonneurs ». Pourtant, ces intrus coûtent cher : leur piétinement accélère l'érosion du sentier, les chamois ne descendent plus dans cette partie de la vallée et les linaigrettes ont disparu. On ne concilie pas caprice et protection !

Un ultime raidillon mène au lac de la Fous, le premier que l'on recontre sur notre route. C'est un lac artificiel que surplombe le refuge de Nice. Vaste et but de randonnée en soi, beau mais sans plus. Peut-être verrez-vous les deux téméraires qui s'aventurent sur le barrage dans la photo ci-dessous...
Pour aller au lac Long, il reste une ultime montée, hélas la plus difficile et éprouvante depuis le départ. Sur le chemin qui longe de lac de la Fous se trouve un cairn et un départ de sentier très incertain, sans poteau indicateur d'aucune sorte : c'est pourtant bien là qu'il faut aller. Pourquoi ne pas l'avoir signalé ? La politique du Parc du Mercantour a conduit à enlever certaines balises pour réduire la fréquentation des sites considérés comme fragiles (pour réduire la fréquentation et donc les dégradations potentielles) ou difficiles d'accès (pour éviter les accidents). Dans notre cas, les deux raisons sont valables. Le chemin n'est donc balisé que par des cairn. La montée est rude, longue et dans un cadre vertigineux. Regardez comme le lac de la Fous et son barrage sont petits maintenant :
Sur la photo ci-dessus, regardez en haut à gauche, il y a un second lac plus petit : c'est le lac Niré, une autre destination de randonnée. Et savez-vous ce que l'on trouve derrière les montagnes qui surplombent le Niré ? Le lac Autier bien sûr ! (ça ne veut pas dire qu'il est facile de s'y rendre par ce chemin. )

Sur la route, on rencontre des animaux qui ne fréquentent guère les basses altitudes, comme les bouquetins (mâles) et les étagnes (femelles).
(la suite au prochain message)

Je vous parlais des étagnes : Il y a aussi des centaurées aux fleurs finement découpées :
Et puis... on marche, on marche, on commence à se fatiguer, mais on arrive enfin au lac Long, au terme de bin des efforts. Le lac est encore partiellement prisonnier des glaces ce 23 juillet ! Il est 11h30 et nous sommes à 2600 m. Il n'y a personne.
Les fleurs se font évidemment plus rares, d'autant qu'il reste des névés. Il y a encore beaucoup de silènes acaules, malgré tout et, au creux des rochers, les emblématiques éritriches nains, qui ressemblent beaucoup à des myosotis. Espèce rare et protégée.
Et pour terminer, l'itinéraire complet avec des vignettes récapitulatives.

Le mot de la fin, à caractère un peu plus « technique » : l'objectif 18-55 mm du Canon EOS 500D couvre la plupart des besoins du naturaliste randonneur. Sur des trajets éprouvants tels que celui-ci, la légèreté du matériel est inestimable ! Sans compter qu'il est plaisant de pouvoir tirer le portrait d'une fleur et d'une montagne avec le même œil.

Cordialement,
Eddy

Bonjour eddy,

Encore une fois merci pour ces sublimes photos, cette rando me parait encore plus belle et enrichissante que celle du lac autier, il me tarde de retourner dans le Mercantour (J-8).
Apparemment que ca soit les chamois ou les bouquetins, ils ont l'air habitués à l'homme ou sont alors très peu craintifs de nature, car avec ton objectif tu dois être relativement proche pour obtenir de telles photos.

Peu être qu'un de ces jours on va se croiser sans le savoir

Cordialement,

Anthony

Bonjour Anthony, le forum,

Effectivement les chamois et les bouquetins ne sont pas bien farouches. Ils ont l'habitude de croiser des randonneurs, la vallée de la Gordolasque est assez fréquentée (les raisons sont nombreuses : proximité de la vallée des Merveilles, refuge de Nice, nombreux lacs, etc.). J'espère que ta sortie du week-end prochain sera sympa... c'est vrai qu'on risque, un jour, de se croiser sans le savoir.

Là je reviens encore d'une rando mais dans un lieu différent... compte-rendu prochainement sur le Naturaliste.

Cordialement,
Eddy