Le Naturaliste

Bonjour,

Il y a quelques temps, j'ai recueilli une Écaille fermière (Arctia villica) à moitié sonnée et en très mauvaise posture sur le sol d'un parking. Le lépidoptère était une femelle qui a déposé quelques oeufs chez moi avant que je la confie à un environnement plus hospitalier. Ces oeufs, qui ont environ un millimètre de diamètre, viennent d'éclore. Les minuscules chenilles sont armées de soies peu appétissantes : Me voilà donc en charge d'un élevage. Je n'ai aucune expérience et tout conseil utile en l'espèce sera le bienvenu.

Le plus urgent...trouver la plante hôte !
j'ai des bouquins aux fins fonds du chalet ,si je trouve rapidemment ,je te le dis ,mais sur le Net ,il doit bien y avoir des infos

Chenille sur genista, lonicera

Soit plante 'trempée" cad dans un vase ,soit non trempée !
certaines espéces de lépidoptères meurent sur plante trempée

donc ,un essai est à faire

bon courage...nounou

jp

Hello

Bon courage.
ça peut être sympa à suivre.

La photo est très chouette.

Bonjour,

@ Frédéric : Merci pour ton avis sur la photo. A un tel grandissement et avec un sujet vivant, il n'est pas évident de concilier vitesse d'obturation et profondeur de champ !

@ JP : merci pour les indications de menu. De mon côté, j'ai trouvé des informations dans le Guide des insectes de J. Zahradnik, illustré par F. Severa (un ouvrage de vulgarisation publié en 1977 à Prague, traduit en 1978 pour Hatier, réédité en 1986). L'auteur décrit ainsi l'habitat d'Arctia villica :
"Vit sur les pentes et les forêts à caractère de steppe,..."(Je suppose qu'il s'agit de forêts claires...) "dans les jardins des villes. Les chenilles se nourrissent de Lamier blanc, de Pissenlit, d'Achillée mille-feuille, etc."
J'ai donné pour l'instant du Pissenlit, de l'Achillée et du Plantain, mais sans succès. Je vais essayer ton menu et je récolterai d'autres végétaux cet après-midi. Si les chenilles ne sont pas trop exclusives dans leurs goûts, peut-être serait-il préférable de les déposer dans un environnement approprié ?

Bonjour,

Alors pour le moment, la salade préférée de la majorité des bébés d'Arctia villica auvergnats, c'est Pissenlit-Plantain.
Achillée, Chèvrefeuille ou Genêt, c'est seulement pour un ou deux marginaux.
J'attends encore un peu avant d'essayer les petits-pots à l'Aligot.

Bonjour Patrick,
Avant les petits pots tente également de jeunes rameaux de troène (non traités ça va de soi).Il faut les placer dans un pot d'eau, les chenilles dédaignent généralement la nourriture "sèche". Comme le faisait remarquer Jean-Pierre il faut soit des plantes en pot (avec les racines), soit des plantes en vase (mon pot) en bricolant pour éviter la noyade. Un autre facteur est la capacité de camouflage que peut apporter le support de nourriture. Place dans ta cage ou ton vivarium des tiges sans feuilles le long desquelles les chenilles se plaqueront, si tu places un pot ces tiges permettront aux chenilles d'atteindre le feuillage.
Bien cordialement et bon élevage.
Lucien

Un "anti-noyade" est une capsule d 'alu (film culinaire) perforée en son centre et dans laquelle on fait passer la tige végétale
il faut essayer ,soit des feuilles jeunes ,soit adultes ,car certaines espéces se nourrissent exclusivement de l' une ou de l'autre !
c'est un vrai "métier" que l'élevage des lépidoptères ,mis c'est source de vrai bonheur ,qq'es fois c'est un vrai désastre ,mais il faut insister,le jeu en valant la chandelle
ha ..ça me fait revenir 30 ans en arrière

jp

J'ai dans ma cage un faux plancher qui place les chenilles au niveau du "sol". La réserve d'eau est un pot de crème (bio) avec quelques trous dans le couvercle où je glisse les tiges de la plante nourricière. Je fais l'appoint d'eau avec une seringue mais je vide complètement la cage pour un grand nettoyage tous les 2 ou 3 jours.
Je joins les photos.

C'est une cage de "sauvetage" faite à l'origine pour tenter de sauver les chenilles du papillon Machaon qui se faisaient croquer au jardin - ça rejoint mon souci actuel avec les Lucanes qui se font croquer par les pies -. Depuis que j'ai la cage j'ai revu le papillon mais pas ses chenilles . J'ai actuellement un élevage de Minime à bandes jaune (Lasiocampa quercus), je cherche à connaître la part de papillons mâles et femelles pour une ponte mais on apprend et découvre des tas de choses. Je n'ai conservé que 20 chenilles et j'ignore si ça sera significatif. Ça peut être passionnant mais c'est prenant.

Cordialement
Lucien

Bonsoir Jean-Pierre, Lucien, Tous...

Très belle et très ingénieuse, ta cage d'élevage, Lucien !
C'est donc cela, tu fais du sauvetage et de la réintroduction dans le milieu ?
C'est vraiment super de favoriser la nature !

Pour les parois de la pouponnière, quelle est la maille du grillage ?
Il me semble distinguer sur les photographies que la porte en façade est également vitrée ?
Ce dernier type de barrière irait mieux pour les jeunes chenilles d'Arctia, qui sont minuscules (environ trois millimètres).
Pour l'instant, comme je suis pris au dépourvu, j'élève dans des boîtes en plastique suffisamment aérées. J'ai déposé un mouchoir en papier dans un coin, que j'humecte régulièrement de quelques gouttes d'eau pour maintenir dans la boîte une hygrométrie modérée afin que les feuilles et les animaux ni ne se déshydratent, ni ne moisissent.

Je suppose que les bestioles vont vite grossir car je suis très étonné par les quantités de feuillage qu'elles dévorent malgré leur taille lilliputienne. Effectivement, pour la suite, un nettoyage fréquent s'imposera, de même qu'un approvisionnement bien régulier...
C'est d'ailleurs déjà le cas.

Jean-Pierre, il semblerait que l'élevage de papillons soit aujourd'hui pratiqué en maternelle ainsi qu'à l'école primaire.
Moi je ne me rappelle pas avoir fait ça, ni en maternelle, ni au primaire, ni au collège, ni plus tard...
Ou alors, en ce temps là, ... je regardais voler les mouches ? ... Jusqu'à ce jour où j'ai croisé une belle fermière.

Patrice,
les éleveurs de papillons sont souvent également des collectionneurs. Ils n'ont pas bonne presse auprès des protecteurs de la nature lorsqu'ils collectent au filet. Actuellement, je ne sais pas comment ils sont considèrés par les écologistes lorsqu'ils relachent leurs surplus d'élevage car ils interviennent alors dans les équilibres naturels. Mais on peut penser que cela ne fait que compenser faiblement les pertes subies par les papilons du fait d'insecticides, de véhicules, d'éclairages...

J'ai réalisé également des élevages d'insectes. J'utilisais des cages en plexiglas sur plusieurs coté pour maintenir une bonne hygromètrie. Dans le dispositif de Lucien, le bocal percé pour les branches de plante hote est à retenir car il arrive que sans ce dispositif, les chenilles se noient en descendant le long des tiges!
Tu sera stupéfait de la croissance des chenilles et de leur consommation de végétaux dans les derniers stades!
On comprend les plaintes des jardiniers!

Je pense que ce type d'élevage était pratiqué autrefois par des instituteurs à sensibilité naturaliste et suivant les traces de Fabre. Il l'est encore actuellement par des enseignants, mème si ce type d'activité est plus difficile car plus aléatoire, que celles sur les sciences physiques ou sur la technologie . En tout cas, comme enseignant en IUFM pour les professeurs des écoles, j'ai recommandé ces élevages et j'en ai fait de nombreuses fois la démonstration.

J'ai encore fait une élevage de piéride du chou en collège, il y a 3 ans avec une classe de 6e. Les élèves ont été surpris de ne voir se métamorphoser que peu de papillons et d'obtenir à la place de nombreuses petites guèpes du genre Apanteles.
Je leur ai projeté une vidéo montrant la ponte du parasitoide et la sortie des larves.
Je me souviendrai toujours de la question d'une petite fille: y a t il des animaux qui parasitent ainsi les humains?!
Je lui ai répondu; oui, mais ce sont seulement de petits animaux, et plus guère présents dans nos pays développés.
Sa question témoigne de craintes face aux insectes et à la nature. Surtout, elle avait du voir un film de science fiction!
Mais en l'occurence la réalité qui a inspiré la fiction est moins effrayante et la curiosité envers le naturel est plus saine que certains imaginaires littéraires.