Hello
Juste mon grain de sel dans cette discussion intéressante.
De prime abord, je ne suis pas fan des herbiers... comme les collections d'insectes, les bestioles naturalisées (les zoos aussi...), ça sent la mort.
J'aurais tendance à préférer une photo, bien prise, avec une bonne lumière, un bon cadrage... mais souvent, les photos qui me plaisent, qui auraient une valeur artistique, ont aucune valeur scientifique ou naturaliste. Les critères de détermination sont absents.
J'ajouterai en paradoxe que pour faire certaines images, par fautes de moyens (ou de rareté des sujets... qui peut se targuer d'avoir vu un Tigre, en vrai, dans sa jungle), on va dans un zoo ou on sacrifie le sujet (avec mes séances de stacking, j'en suis encore là... je cherche d'autres solutions et j'évite de tuer tout ce qui passe à ma proximité).
Ces images ne sont pas durables. Au temps de l'argentique, on avait quelques espoirs que les négatifs et les diapositives se conservent. Depuis 25 ans que je fais de la photo, si je m'y retrouve dans mes archivages (assez primaires), je pense que mes diapos sont encore regardables. Il semblerait que l'argentique ait une durée de conservation de plusieurs dizaines d'années. Les techniques mises en oeuvre - de la chimie, un peu d'optique - sont aussi durables, même si de moins en moins de labos "grand public" sont capables de traiter un négatif. Enfin, le temps de la chambre 4x5 ou de l'agrandisseur n'est pas encore révolu.
Pour ce qui est du numérique, il semblerait que les supports ne soient pas aussi fiables qu'un film. Au-delà de la labilité, il y a aussi la persistance des formats - qui peut encore lire des disquettes ? et la performance des appareils numériques il y encore quelques années - qui peut lire une disquette sortant d'un
Mavica ne peut que pleurer sur la pauvreté de l'image obtenue... ça n'est pas avec ça que l'on va faire de la détermination de plante ou de bestiole.
Une planche dessinée, surtout par des artistes naturalistes (et Christian a raison, il y a sur ce forum des artistes de ce genre), permet d'avoir tout... la plante dans son entier (on pourrait même ajouter, dans son milieu - je pense que vous connaissez les guides nature dessinés par Vaucoulon), les détails qui vont bien... le tout disposé avec un certain sens artistique. Quand je trouve ce genre de planche encadrée, en déco, j'apprécie toujours. Il n'empêche, on n'a pas le réel et pour le biologiste de maintenant, je dirais que ça manque d'ADN.
L'herbier, quand il est fait par un vrai amateur ou un pro, va présenter de nombreux avantages. Il sera durable, autant qu'une planche, sans doute plus qu'un tirage photo (je ne parle pas d'impression... les encres de nos imprimantes, pas sûr qu'elles durent des années). Il peut être artistique et scientifique. On n'a pas les détails, mais il suffit d'une loupe, d'avoir l'habitude d'interpréter du desséché, pour qu'on puisse travailler. Par ailleurs, on peut accéder à l'ADN de la plante et de nos jours, c'est précieux.
C'est un mode de conservation qui dénature la plante, mais quand c'est bien fait, ça reste acceptable.
Il existe aussi de nos jours d'autres modes de conservation, qui impliquent une consommation d'énergie, c'est la congélation/cryogénisation... mais les sujets conservés dans de telles conditions ne sont pas accessibles au grand public... nous sommes loin du zoo, du musée (enfin, les herbiers historiques ne sont pas plus accessibles)
Bref, je dirais "pluralité".
Je ne fais pas d'herbier, je ne fais pas de collection d'insectes (ça me fait encore plus frémir)
J'essaye de faire au mieux quelques photos, malheureusement peu utiles pour un naturaliste classificateur... mais je n'ai pas l'ambition de laisser une trace. Je ne suis pas Buffon, Audubon ni Lamarck ou Linné. Mes images mourront avec moi.
Je ne courre pas les musées, mais quand je le fais, il m'arrive d'apprécier certaines choses... qui sont pourtant mortes depuis des lustres... mais quand c'est bien fait...