Bonsoir à tous!
Pardon d'intervenir tardivement dans ce fil, et pour y semer la contradiction à propos des systèmes corrigés à l'infini... Malgré votre avis unanime, quelques contre-vérités ont été écrites dans ces quelques échanges.
Je m'empresse de dire que, comme vous tous, je ne conseille pas un système à l'infini à un amateur débutant, qui trouvera beaucoup plus d'offres en 160 mm sur le marché de l'occasion.
Néanmoins, autant ne pas avoir d'idée fausse. Alors allons-y :
Les industriels ont créé l'optique infinie afin de réduire les couts de fabrication des microscopes : en effet, il n'est plus besoin de rajouter des lentilles de "Telan" (nom donné par Zeiss à ces lentilles) pour compenser l'allongement de la longueur de tube lorsqu'on rajoute un élément entre objectif et tête (épifluo, analyseur...).
C'est justement dans les microscopes à l'infini qu'il y a un groupe de lentilles de Telan, pour faire à nouveau converger le faisceau parallèle qui sort de l'objectif, et obtenir une image réelle qu'on puisse observer. Un microscope en 160 mm comporte moins de groupes de lentilles qu'un microscope à l'infini. Je pense que tu confonds avec le fait que, dans tout microscope composé classique, si l'on ajoute dans le faisceau convergent en sortie d'objectif un accessoire qui rallonge le trajet de la lumière, il faudra aussi ajouter un groupe divergent pour reconstituer l'angle de convergence équivalent à celui du chemin en 160 mm. Ce groupe divergent devient inutile avec un système à l'infini.
Autrement dit, avec un système à l'infini, il y a un groupe de Telan, une fois pour toutes, qui permet ensuite d'empiler dans le chemin infini toutes sortes d'accessoires sans conséquence pour l'image. En revanche, dans un système classique, il n'y a pas de groupe de Telan, mais pour chaque accessoire inséré, il faudra associer un groupe correcteur spécifique pour ramener le faisceau aux conditions pour lesquelles l'objectif a été calculé.
L'économie ne rentre pas en ligne de compte : les microscopes visés par ces techniques sont de toutes façons très sophistiqués et très coûteux.
l'utilisateur ne peut plus panacher les marques entre objectifs et microscope
C'est faux. J'ai sur ma tourelle du Nachet, du Leica et du Lomo, tout ça à l'infini, et en RMS, parfocalité à 45 mm.
Mais c'est vrai aussi, en pratique, pour de toutes autres raisons qui n'ont rien à voir avec la correction à l'infini. Les constructeurs ont cherché à augmenter le CHAMP des images, et ils butaient sur le filetage RMS, qui limite la taille des lentilles utilisables. Ils ont donc créé de nouveaux filetages plus grands, et incompatibles d'un constructeur à l'autre. Le même problème existe au niveau des oculaires. Les microscopes de recherche modernes ont des oculaires avec des indices de champ énormes, 24, 25 et même 26 mm, mais ils ont explosé depuis longtemps le diamètre standard de 23,2 mm...
Donc, les objectifs à l'infini peuvent parfaitement être interchangeables, à condition d'avoir un filetage RMS et une parfocalité à 45 mm. Ces caractéristiques correspondent à une technologie qui a duré jusque dans les années 90. Le standard RMS a ensuite été abandonné à cause de ses limitations.
Par ailleurs, Une chose m'intrigue sur le microscope infini de Daniel C., c'est le manque d'emplacement (?) pour ajouter des accessoires dans la tube
Les accessoires s'insèrent entre la queue d'aronde circulaire du corps du microscope et celle de la tête trinoculaire, qui comporte aussi les lentilles de Télan. C'est bien plus souple ainsi : On ne peut pas imaginer ce qu'un chercheur pourrait avoir envie de mettre dans le faisceau infini, et qui pourrait éventuellement faire plusieurs décimètres de chemin optique! Un simple tiroir serait bien trop limitatif...
En conclusion, la formule à l'infini s'est imposée sur absolument tous les microscopes de recherche modernes, et ce n'est pas sans raison. S'il n'y a pas de limitation de budget, c'est comme celà qu'on obtient les meilleures performances, et de loin.
Le problème d'un amateur est tout autre : il veut explorer le micromonde sans trop de limitation. A mon avis, ça signifie 4 objectifs achromatiques en DIN 160 mm, (ou 170 si c'est du Leitz), condenseur d'Abbe sous la platine, observation binoculaire, et sortie photo si possible. Au delà, honnêtement, les limitations viendront plus des techniques de récolte et de l'habileté de l'observateur, que du matériel!
Comme d'autres, j'aurais tendance à recommander l'occasion. On peut déjà avoir du très beau matériel de qualité avec un budget de 500€, alors qu'en neuf...
J'ai personnellement une très bonne expérience du russe LOMO modèle Biolam, qui se vend régulièrement sur ebay (en angleterre surtout) à moins de 200€ avec 4 objectifs achromatiques et une tête binoculaire. Je l'ai démonté et remonté des dizaines de fois, je peux témoigner de l'excellente qualité et de l'architecture très pertinente. On trouve aussi sur ebay des accessoires qui vont jusqu'au contraste de phase complet à 150-200€. C'est à mon avis un rapport qualité-prix imbattable. Attention, les objectifs ont une parfocalité à 37 mm, le standard Zeiss d'avant-guerre! C'est le seul bémol, pas très gênant en pratique, car la gamme d'objectifs comprend d'excellents apochromats. Il y avantage à changer les oculaires pour installer des modèles à champ plus large.